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  • : Une souris rose
  • : Chroniques ordinaires d'une socialiste de Haute-Garonne.
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On est socialiste à partir du moment où l'on a cessé de dire « bah,  c'est l'ordre des choses et nous n'y changerons rien », à partir du moment où l'on a senti que ce prétendu ordre des choses était en contradiction flagrante avec la volonté de justice, d'égalité et de solidarité qui vit en nous.

Léon Blum

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19 octobre 2018 5 19 /10 /octobre /2018 11:17

Crédit photo : ESA

Cette nuit du 20 octobre vers 3h45 (CEST, heure de Paris diront certains) mon cœur battra un peu plus fort.
Car nous y voilà. A Kourou, BepiColombo attend sous la coiffe d'une Ariane5, prêt pour décoller vers Mercure.
Une belle mission, complexe comme on les aime : une coopération ESA (l'Agence spatiale européenne) JAXA (l'agence spatiale japonaise), un mode croisière avec un assemblage de deux orbiteurs qui se sépareront à l'arrivée, après un long et compliqué voyage de 7 ans, la fournaise de Mercure à affronter après le froid de l'espace... Bref, que du bonheur pour ingénieur-e-s et scientifiques !
Pour en savoir plus :  http://sci.esa.int/bepicolombo/

Mais aujourd'hui c'est une phrase de l'ancien Directeur Général de l'ESA Jean-Jacques Dordain qui me revient : "le spatial, c'est des gens".
Des gens qui ont mis dans Bepi un peu, parfois beaucoup, d'années de travail. Un peu, parfois beaucoup, de leur vie. Un peu, parfois beaucoup, de sueur, de stress, de charge, de jus de cerveau. Mais aussi beaucoup, toujours, de collectif. Travailler ensemble pour cet objectif commun, lointain mais concret.
Ensemble, dans la diversité. Car le spatial, c'est aussi la planète, et pour nous l'Europe. Cela n'efface en rien la satisfaction des contributions nationales ou locales. Je comprends les réactions politiques qui vantent les réalisations économiques de leur territoire. Mais, je le dis amicalement à certains, c'est à des années lumières de l'esprit de travail du domaine.
Alors oui, les logiciels de vol centraux ont été développés à Toulouse. Le tout sous maîtrise d'œuvre allemande. Pour le compte de l'ESA. X lieus, x nationalités, voilà le quotidien. Pour une fois que l'Europe a une réalité concrète, humaine, ne la réduisons pas en tirant la couverture à soi ici ou là.
So, Bepi is on its way to Mercury. Now waiting for launch. My heart between Toulouse, Kourou, Darmstadt, Friedrichshafen... With Bepi teams. So happy and proud to have worked with you for this beautiful mission. Space = people.
Fingers crossed. Infinity and beyond.

Pour suivre le tir : Via l'ESA ou Via le CNES

Crédit photo : Arianespace

Crédit photo : Arianespace

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18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 11:28

 

Ce n'était pas évident à saisir, pour nous simples mortels, que cette pensée complexe du macronisme éclairé.

Mais grâce à une succession de décisions et déclarations, voilà que j'ai compris ! Rapport Spinetta qui envisage la fermeture de lignes jugées trop peu utilisées, cortège de classes qui ferment dans "le rural", choix d'infrastructures qui laissent le Sud-Ouest encore bien éloigné de la capitale, et j'en passe, tout cela rend limpide la vision du territoire.

J'espère que ce petit schéma permettra à chacun de bien se mettre dans le crâne ces incontournables réalités du nouveau monde. Les gens, soyez disruptifs, que diable !

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21 octobre 2017 6 21 /10 /octobre /2017 10:18
(merci Marie-Claude Farcy pour la photo)

(merci Marie-Claude Farcy pour la photo)

Ce jeudi 12 octobre, c'est à Toulouse, dans cette belle salle Jean Jaurès de la Fédération de Haute-Garonne, devant le Conseil Fédéral, que j'ai annoncé mon départ du PS.

Plus de 22 ans après y avoir adhéré, au lendemain, très exactement, de l'élection de Jacques Chirac à la Présidentielle de 1995.

Autant dire que c'est pour moi une longue page qui se tourne.

Avec de l'émotion, bien sûr. Mais sans regrets, ni pour les années écoulées, ni pour cette décision qui maintenant s'imposait à moi.

Merci à Sébastien Vincini, 1er Fédéral du PS31, pour les regrets qu'il a exprimés en me donnant la parole ce soir là. Une pensée particulière pour Serge Pontié, autrefois secrétaire de la section de Balma, qui m'a accueillie, avec toute sa sincérité militante et son affectueuse attention. Et un grand merci à toutes et tous, camarades, ex-camarades, ami-e-s, qui m'ont depuis adressé mots gentils et signes amicaux.

Et puisque cela m'a été demandé, et que je n'ai rien dit que je n'assume publiquement, voici le texte de mon intervention.

Intervention devant le Conseil Fédéral PS31

Toulouse, le 12 octobre 2017

 

Cher-e-s camarades,

 

La situation est difficile, les enjeux sont majeurs, et notre responsabilité collective est immense.

J'espère cependant que vous me permettrez de prendre un peu de temps pour une intervention plus personnelle.

Car ce soir, je suis venue vous dire au-revoir, annoncer ici mon départ du Parti Socialiste, et en conséquence remettre immédiatement mes mandats au Conseil Fédéral et au Bureau Fédéral.

J'ai tenu à le faire, car je trouvais plus franc et loyal de venir le dire ici, dans cette salle que je connais depuis plus de 20 ans. Elle est remplie de souvenirs. Des bons, et des mauvais. Mais des bons...

Et je tenais à le faire directement devant vous, car aucun de vous n'est à titre individuel la cause de mon départ.

 

La cause, c'est la distance, peu à peu accrue au fil des derniers mois, avec ce qu'est devenu aujourd’hui le Parti Socialiste.

J'ai déjà failli déchirer ma carte x fois, quand des dirigeants issus de nos rangs, dont nous avions par nos engagements militants permis la victoire, ont commencé à mettre en oeuvre ce que nous combattions avant d'accéder au pouvoir. Retraites, loi Macron, loi Travail... Mais inutile d'allonger la liste, chacun comprend parfaitement de quoi je veux parler.

Je ne l'ai pas fait, comme un certain nombre d'autres, considérant que je n'avais pas à me faire mettre à la porte de chez moi par ceux qui, à mes yeux en tout cas, s'éloignaient de nos idéaux, et foulaient aux pieds les textes que de conventions en congrès nous avions collectivement adoptés.

C'est pourquoi vous ne m'entendrez pas non plus demain reprocher leur choix à ceux qui restent, comme on peut parfois l'entendre à l'extérieur.

 

Mais, pour ma part, je suis aujourd'hui arrivée au bout du bout de ce chemin.

Je ne crois absolument pas en la capacité de la Direction Nationale à mener à bien une quelconque refondation.

Les mêmes qui, hier, laissaient faire, au mieux, ou fustigeaient ceux d'entre nous qui émettaient des critiques, seraient aujourd'hui devenus de fermes opposants à la politique de Macron ? Alors que, certes pas dans tous les domaines, mais sur certains plans tout au moins, il ne fait que s'engouffrer dans les brèches ouvertes dans le mandat précédent. Vont-ils maintenant appeler à manifester, après avoir demandé silence et discipline ? A l'Assemblée Nationale, le président du groupe (ce qu'il en reste) est le même. Le groupe ne se nomme d'ailleurs même plus « socialiste ». Pour ménager X ou Y, sans doute.

Le résultat, c'est une totale confusion. Et je ne veux plus de cette confusion.

 

Dans ce contexte, je salue et dis bravo à ceux qui sincèrement y croient encore, particulièrement dans cette Fédération. Travail et humilité, j'avais beaucoup aimé tes mots, Sébastien, pour tracer les perspectives de ces chantiers de rénovation.

Mais moi, je n'y crois plus.

J'ai connu 2002. J'étais là au début du NPS, avec des camarades qui s'appelaient Montebourg, Hamon, Peillon. Congrès après congrès, que de débats et de combats, que d'énergie et d'espoirs... Mais voilà, nous savons ce que cela a donné.

Je n'ai plus envie de poursuivre ainsi, dans ce climat de confusion.

La clarté, pour ce qui me concerne, c'est maintenant de partir, et souhaiter bon courage à d'autres.

 

Pour finir, dans cette dernière intervention, j'aimerais partager avec vous deux sentiments. Un négatif, et un positif.

Je commence par le négatif : le sentiment de déconnexion que j'ai parfois, trop souvent, éprouvé, entre le fonctionnement du Parti et les réalités de ma vie personnelle ou professionnelle. C'est enfoncer des portes ouvertes que de dire que le PS n'est pas représentatif de la diversité de la société. Nous le savons tous.

Mais je dois vous dire que j'ai parfois trouvé cela bien étrange. Parfois bien pesant aussi. J'en ai eu de multiples exemples. Mais je me dis que, peut-être, certains ne se sont pas toujours rendu compte de ce grand écart, pris dans les habitudes et les repères de leur propre vie, comme chacun de nous peut l'être, moi comprise. C'est pour cela que je veux le dire ce soir. Sans offense aucune.

Car je crois qu'il y a derrière un vrai débat de fond. L'engagement doit-il être une succession de mandats, limité dans le temps, ou bien faut-il le professionnaliser ?

Le même genre de débat se pose d'ailleurs pour les Organisations Syndicales. Vaut-il mieux viser une certaine efficacité avec des permanents syndicaux, ou bien confier des mandats à un plus grand nombre de salariés gardant une activité professionnelle ?

La politique est-elle donc une science qui s'enseigne et conduit à des carrières, ou bien un engagement, limité dans le temps, de simples citoyens ?

Peut-être certains connaissent-ils ce texte écrit, sur son blog, par l'ancienne ministre Michèle Delaunay : « Le Tunnel ». Intéressant texte, qui pose d'excellentes questions.

Peut-on prétendre organiser la vie des gens, si on n'a pas soi-même vécu ce que l'on pourrait qualifier de « vie normale », c'est à dire proche de ce que vit une partie significative de la population ?

Personnellement je pense que non. Et cela n'enlève absolument rien aux qualités personnelles de ceux qui ont ce parcours. Ce n'est pas une question individuelle. C'est une question d'équilibre collectif.

Mais c'est un débat un petit peu plus complexe que quelques phrases. Il a toute sa place dans un processus de rénovation. Mais il faudra nécessairement y répondre.

 

Le positif, c'est que, je dois vous l'avouer, je me suis enrichie.

Pas financièrement, je vous rassure, pas d'un centime - plutôt le contraire, sur ce plan, comme beaucoup de militants qui donnent temps et argent.

Mais je me suis enrichie au contact de celles et ceux que j'ai croisé-e-s depuis 22 ans, et grâce à tout ce que j'ai pu vivre dans ce Parti. Enrichie en ouverture d'esprit, en rencontres, de gens différents, et d'idées diverses. Et j'ai beaucoup, beaucoup appris.

Je ne pense pas que ce large éventail de points de vue qui caractérise depuis longtemps le Parti Socialiste soit une faiblesse intrinsèque. Au contraire. Je préfère la confrontation d'idées différentes, parfois même opposées, à la déclinaison d'un dogme unique. J'aimerais espérer que cela se poursuive, que la clarification et le retour aux fondamentaux s'accompagnent de cette capacité à rassembler des pensées non uniformes et libres.

 

Mais maintenant, ce sera sans moi.

Pour autant, socialiste je suis, socialiste je reste.

Je vous dis au-revoir, mais peut-être, sans doute, je l'espère, nous retrouverons nous, à travers les réseaux, sociaux ou humains, ici ou là.

 

Merci de votre attention.

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28 avril 2017 5 28 /04 /avril /2017 11:28
Après le 21 avril 2002...

Après le 21 avril 2002...

En 2002, la presse parlait de séisme, nous manifestions, et discutions à gauche de savoir s'il fallait mettre une pince à linge sur le nez ou des gants en allant voter Chirac.
15 ans après, que de changements dans les esprits !
Pourtant, le FN de la famille Le Pen, lui, n'a pas changé ses fondamentaux. Même s'il a su habilement repeindre la façade.
Mais bon sang, les salarié-e-s de Whirlpool et d'ailleurs vont-ils se laisser avoir par 1/4 d'heure de com, selfies compris ?
A voir ces images ce jour là, à regarder les inquiétantes courbes d'opinion, à entendre ces expressions de ni-ni, ou ces assourdissants silences mettant sur un même plan un centriste républicain et l'extrême-droite, je m'inquiète.
Alors vraiment, loin de moi l'idée de faire la morale à ceux qui disent ne pas vouloir voter Macron, pour diverses raisons, dont beaucoup que l'on devrait peut-être entendre, plutôt que de leur tomber dessus.
Mais enfin, vous citoyens libres qui réfléchissez, je vous en prie, ne jouez pas avec le feu.
Vouloir combattre le FN mais ne pas voter Macron, malgré ce qu'il en coûte, c'est juste laisser faire le boulot à d'autres , en espérant que...
Prendrez-vous ce risque ?

Dosage mortel, par Pessin

Dosage mortel, par Pessin

Moi non. Pour la 2ème fois de ma vie, je ne voterai pas à gauche. Je voterai Macron, et ce n'est pas de l'écrire clairement qui me salira l'écran. Parce que le 1er tour est passé et que n'est plus le moment de tortiller. Parce que le bulletin Macron ne vaudra pas plus adhésion que ne valait le bulletin Chirac. Parce qu'on peut très bien rester mobilisé-e-s pour le progrès social en votant contre la haine et le racisme le 7 mai (comme le dit l'Ugict-Cgt ici). Parce qu'il n'y aura pas de bulletin "barrage au FN" sur la table de vote.
Alors non, ni leçon ni culpabilisation. Juste les mots d'Aragon en espérant qu'ils touchent cœurs et raisons.
"Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat"

L'un n'empêche pas l'autre !

L'un n'empêche pas l'autre !

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21 avril 2017 5 21 /04 /avril /2017 12:29
Nous citoyens, libres, dimanche.

J-2. L'heure du choix.
Folle campagne, perturbée d'un bout à l'autre, tellement frustrante à force de voir les débats de contenu couverts par la surface des choses, rendus inaudibles par bruits médiatiques et malhonnêtetés de toutes sortes.
Ce qui était la gauche en sort fractionnée, dans le doute. L'indécision est à un niveau record.
Le vote utile fait des ravages dans les têtes. L'électeur se veut stratège et tente le billard à trois bandes.
Loin de moi l'idée de juger ceux qui pensent ainsi, ou font tel choix plutôt que tel autre (je parle des citoyens ou militants, les responsables, c'est bien différent, mais cela se réglera plus tard). Dans un tel bazar où tous les repères ont été pulvérisés, chacun fait ce qu'il peut.
Mais pour ce qui me concerne, c'est clair. Les sondages peuvent donner des tendances. Mais je refuse qu'ils déterminent mon vote. (Et on aura l'air malins quand on apprendra qu'ils ont été manipulés par des puissances Aliens !).
Moi citoyenne, je vote pour le candidat dont je pense qu'il fera le meilleur président. Pour le projet qu'il propose, mais aussi, tant que nous sommes en Ve République, pour sa personnalité.
Macron, le libéral centroïde ? Celui qui a inspiré une bonne part de ce que je reproche au quinquennat ? Celui qui veut une loi travail ++ ? Je n'ai rien contre sa personne, et ne suis pas en désaccord avec tout ce qu'il dit. Il sait bousculer certaines idées toutes faites. Mais sa politique économique et sociale, celle du Medef pour faire court, non merci. Monsieur "et en même temps", candidat du pseudo renouvellement qui voit accourir de vieux crabes, reste aussi bien brumeux. De Robert Hue à Dominique Perben, il va bien, à un moment, falloir choisir.
Alors Macron, vraiment, non.
Melenchon ? Il a fait une excellente campagne, mobilisé des gens, travaillé. Bien sûr, je partage beaucoup de son programme. Sa manière d'aborder les questions du monde du travail me parle. La mise en avant de la 6e République ne peut que me réjouir. Mais certains points me gênent. Le diable est dans les détails. J'aime l'idée de la Constituante, mais que d'incertitudes, telle qu'il la définit, sur ce que sera cette 6e, du coup. L'Etat employeur en dernier ressort, je comprends l'objectif, mais ça me semble une totale dévalorisation du service public. Quant à l'Europe, le plan B de sortie, plus ou moins assumé, mais bien là, pas envie de le suivre sur cette voie. C'était d'ailleurs la raison invoquée par JLM pour refuser la discussion avec Benoit Hamon. Pourquoi le nier maintenant ?
Et puis, peut-être plus, il y a ce qui me gêne dans la personnalité. Malgré ce qu'il a réussi à gommer, ce que j'avais ressenti à Molex (à lire ici) ne m'a pas quitté. Tout de même, le refus du débat, le boycott de certains médias, le comportement avec les journalistes, le vocabulaire parfois, tout cela me laisse perplexe. Et la préférence pour les meetings aux discours fleuves, la figure du tribun charismatique, ça ne me semble pas très 6e République, pour le coup.
Alors oui, je comprends le vote Melenchon, mais ce ne sera pas le mien.
Mon vote ira à Benoit Hamon. Non par loyauté - nous n'en sommes plus là, les enjeux dépassent bien les questions partisanes - mais parce que c'est ce que je pense le mieux. Il n'était pas mon candidat à la primaire, et je regrette vraiment Arnaud Montebourg - mais les urnes ont parlé. Je ne partageais pas son RUE originel, sa conception du travail. Il a évolué et expliqué, dont acte. Et il ne s'agit pas d'être une groupie fan de 100% de ce que dit "son" candidat. Benoit Hamon porte un projet de valeurs, bien ancré à gauche, anti-austeritaire et européen. Il a montré clarté, sérieux, honnêteté, calme. Il ne fait pas de numéros d'acteur. Il discute avec les gens, accepte la contradiction mais ne cède pas sur les valeurs.
Alors oui, dimanche, sans hésitation, je vote pour Benoit Hamon.

Nous citoyens, libres, dimanche.
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13 novembre 2016 7 13 /11 /novembre /2016 15:12
Perfect Sky (by Luca Parmitano ESA)

Perfect Sky (by Luca Parmitano ESA)

Un an après, ces jours d'effroi et de peine restent gravés dans nos mémoires.

Je vous avoue pourtant être un peu mal à l'aise quand l'émotionnel prend le dessus chez ceux dont cela ne devrait à mon sens pas être le rôle. Les responsables politiques, dont on attend action et sagesse, plutôt que larmes et angoisses. Les médias, dont on aimerait qu'ils ne jouent pas sur nos cordes sensibles.

Bien sûr, les larmes sont humaines. Inextinguibles sur le moment. Compréhensibles pour ceux qui sont touchés - un an, c'est bien court. Réconfortantes quand nous, citoyens, marquons notre solidarité et notre devoir de mémoire.

Qu'elles coulent donc quand elles font du bien. Mais, comme ce Bataclan qui revit à la musique, que la vie reprenne ses droits.

Pour tout cela, à partager, les mots du poète, de la vie, de la résistance.

Pour ceux qui sont tombés, pour ceux qui restent.

Pour ceux du 13 Novembre, et pour les autres, avant, et après.

Pour le pays, qui a besoin d'honorer les mémoires, mais aussi de continuer à vivre, sans donner raison à ceux qui voudraient lui faire mettre mettre genou en terre.

Pour nous, hommes et femmes libres.

 

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

Paul Eluard

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31 mars 2016 4 31 /03 /mars /2016 21:22
Pourquoi j'étais en grève ce 31 mars et à la manifestation à Toulouse #loitravailnonmerci

Pourquoi j'étais en grève ce 31 mars et à la manifestation à Toulouse #loitravailnonmerci

C'était ce qu'on pourrait appeler "une belle manif", ce matin à Toulouse.

Au delà des classiques batailles de chiffres, tous les observateurs s'accordent pour la qualifier : énorme, foule, du niveau des manifestations retraite de 2003, ont écrit des journalistes.

Vécue de l'intérieur, on y retrouvait aussi tous les signes des fortes mobilisations.

Dans mon entreprise, l'ambiance dans les discussions les jours précédents. L'appel à la grève, par tract commun CGT et FO, fait rarissime, de même que la réservation de bus. Les précédents remontent aux contextes de plans sociaux, ou, peut-être bien, justement, aux manifestations pour les retraites. A Airbus, 70 bus avaient été réservés. Ce n'est certes pas tous les jours.

Dans la manifestation, dès la mise en place à Marengo, à 10h30 précises, déjà beaucoup de monde. La métallurgie était là - la Métallurgie, pour ceux qui ne le savent pas, c'est ici l'aéronautique et l'espace, l'électronique, ou encore l'automobile. Airbus, Airbus Defence & Space, Thalès, CNES, Latécoère, ONERA, Continental, IBM, (ex)Molex,  OTIS, et j'en oublie … avec banderoles ou sans, bien présents. Cela veut dire que le privé était bien là. Et que mes camarades qui comptent, tel Manuel Valls l'imperturbable, ne s'y trompent pas : pour un salarié du privé qui se met en grève pour manifester, combien, à votre avis, d'autres qui ne le font pas, pour diverses raisons que chacun imaginera, mais n'en pensent pas moins ?

En plus du plaisir de revoir les copains des Métaux, plaisir aussi de revoir des drapeaux CFDT - ceux des Conti à Toulouse, qui, eux, ont bien connu ce que référendum et chantage à l'emploi veulent dire. Cela commence à se voir : si la confédération, elle aussi, est droite dans ses bottes, dans les sections, cela remue. (Mémo pour plus tard : en informer Jean-Christophe Cambadélis qui, dans une de ses phrases dont il a le secret, avait dit que le PS suivrait la position de la CFDT.).

Autre plaisir, croiser un certain nombre de socialistes. Ceux qui manifestaient, comme moi, sous les couleurs de leur syndicat. Ceux qui étaient là sans autocollants, citoyens. Ceux qui sont toujours au PS, ceux qui en sont partis. Ceux qui, courageux que je suis allés saluer, affichaient la couleur avec leur banderole "socialistes contre la loi ElKhomri". Tous, déçus et en colère. Bien sûr, dans les discussions de cortège, c'est un poids à porter. Je vous livre mon tacle préféré : "Oui, on a un gouvernement socialiste, mais non pratiquant". No comment.

Alors maintenant ?

Je vais redire ici ce que j'ai déjà dit à la Commission Emploi, en Bureau Fédéral, en Conseil Fédéral #PS31. Non, je ne pense pas que les améliorations que les parlementaires pourront apporter, n'en doutons pas, suffiront à rendre cette saleté de projet acceptable.

Ces améliorations pourront porter sur tel ou tel point du texte. Certains de ces points sont très importants, bien sûr. Mais ce n'est pas seulement une série de points qui pose problème. C'est la logique même qui n'est pas acceptable. On ne peut pas amender une architecture. On ne peut que la refaire.

Les principes sous-jacents étaient au départ biaisés. Licencier plus pour embaucher plus. Mais comment peut-on espérer nous faire gober cette logique Medefienne, qui ne résiste pas aux faits ?!!! Ce qui donne envie d'embaucher, c'est avant tout que le carnet de commande soit rempli, et que la confiance en l'avenir soit suffisante.

Mais bon, ne parlons plus de ça, puisque même la ministre du Travail, en audition devant la Commission des Affaires Sociales, a refusé de dire ce que sa loi créerait comme emplois. (Mémo pour plus tard : en informer Manuel Valls qui s'obstiner à marteler que c'est agir contre le chômage).

Un objectif serait alors de renforcer le dialôôôgue sociaaaal. Ce qui plait à la CFDT et permet à un certain nombre d'élus socialistes de se gargariser avec ce joli mot. Mais de quoi parle-t-on ? J'ai eu la surprise, il y a peu, de découvrir que certains avaient, en toute bonne foi, une idée complément surréaliste des relations dans l'entreprise. Tiens, un exemple tout bête, sur les congés, oui, au final c'est l'employeur qui accepte, ou refuse, les congés. Qui peut fixer unilatéralement les dates de fermeture d'un établissement. La loi offre certaines garanties. Mais non, le salarié n'est pas, généralement, un "collaborateur" libre de discuter ses choix en bonne intelligence avec son patron. Le contrat de travail est une relation de subordination - et c'est en contrepoids que le Code du Travail a été élaboré au fil des ans. Et non, il n'y a pas égalité dans les négociations dans l'entreprise. C'est vraiment ne jamais y avoir mis les pieds que de le prétendre.

Alors, dialogue social, oui. Mais pas en enlevant aux salariés la protection du Code du Travail, pas en les laissant seuls face à leur employeur, et même potentiellement en concurrence avec d'autres salariés de l'entreprise voisine.

La hiérarchie des normes et le principe de faveur sont des piliers de notre droit du travail. S'y attaquer, c'est fragiliser l'édifice, et au bout, les salariés.

Car n'oublions pas ce qui est une évidence pour ceux qui le vivent, mais qui, peut-être, n'est du coup pas assez répété : il y a déjà possibilité de négociation au niveau des entreprises. Simplement, ce qui est négocié localement ne peut être inférieur aux garanties offertes au-dessus (les conventions collectives, la loi). Alors oui, il y a des écarts entre salariés. Ceux des grandes entreprises, aux syndicats implantés, vont avoir un statut social meilleur que ceux des petites, où les salariés sont plus faiblement ou pas du tout représentés. Ceux qui dépendent de la Métallurgie ont plus de chance que ceux qui dépendent du Syntec. Mais c'est un écart par le haut. Et d'ailleurs une manière de tirer vers le haut tout le monde. Ce qu'introduit ce projet de loi, c'est la possibilité d'écarts par le bas. En période de chômage de masse, où le chantage à l'emploi est si facile, quelle bonne idée, vraiment, que de vouloir moins protéger les salariés…!!!

Alors non, cette logique là, non merci. Pas possible. Pas voté et fait campagne pour ça en 2012. Pas acceptable, pas amendable. On arrête, pour repartir sur de bonnes bases.

Mon petit dessin vite fait, qui résumait mon état d'esprit cette veille de manifestation, a eu un certain succès sur les réseaux sociaux. Peut-être parce qu'il résume un sentiment assez partagé sur ce projet de loi.

Parce que sinon, normalement, la gauche,  c'est le progrès social.

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26 février 2016 5 26 /02 /février /2016 16:13
En 2005, dans l'Hebdo #PS, 1er secrétaire Hollande François. #lechangement

En 2005, dans l'Hebdo #PS, 1er secrétaire Hollande François. #lechangement

Le discours du Bourget a marqué les mémoires. J'en ai une version corrigée, qui me semble plus conforme à ce qui s'est passé depuis 2012.

 

Mon adversaire n'a pas de nom, pas de visage. Il n'est qu'un chiffre dans des tableaux statistiques, un petit point sur une courbe dont le seul intérêt est de me permettre de me re-présenter en 2017.

Il n'a pas de parti. Il a été tellement dégouté de leur fonctionnement, il les a trouvés tellement déconnectés des réalités, qu'il ne veut plus perdre de temps à y militer. Et même, plus perdre d'espoir à voter pour eux.

Il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu.

Et donc, il ne gouverne pas. Et même, il ne pèse pas. Ou plutôt, c'est sur lui qu'on pèse.

Cet adversaire, c'est le monde du travail.

 

Vous trouvez mon texte caricatural ? Que je suis dans la provocation ?

Bon, bien sûr, peut-être un peu.

Mais c'est que, vraiment, ma colère est grande. Elle naît avant tout de ce sentiment de déséquilibre. Bon sang, il ne fait pas bon être salarié sous ce quinquennat Hollande et ce gouvernement Valls. Les mesures et les lois tombent - boum bim prend ça - sur le monde du travail. Le dernier avatar, la honteuse loi dite El Khomri, faisant suite à plusieurs autres allant au final dans le même sens, étant le summum de la trahison du Bourget.

Ce qui me sidère, et me révolte, au delà des mesures prises séparemment, c'est la logique qui peu à peu s'est dessinée. Le discours qui sous-tend tout cela. Il va toujours dans le même sens. Le salarié est d'abord un coût. S'il a un emploi, et pire en CDI, c'est un privilégié. S'il est dans une entreprise qui propose une mutuelle (obligatoire et à laquelle il cotise) il est urgent de lui faire payer des impôts sur le scandaleux privilège que représente la part financée par l'employeur. Il est indispensable de le faire travailler plus, de le rendre plus souple, flexible, agile. Bref, corvéable. Il est normal que les gains de productivité et d'espérance de vie soient utilisés pour le faire travailler plus longtemps. 65 ans, ben voyons.

Les entreprises créent la richesse, oui, mais l'entreprise, à en croire ce discours, ce n'est pas les salariés. C'est le chef d'entreprise. Qui, lui, sait ce qui est bon. Qu'on ne peut contraindre. A qui il faut faire confiance. Le chômeur, lui, forme paresseuse du salarié, devra être surveillé attentivement, contrôlé, et incité à re-travailler grâce à une dégressivité des allocations (et peu importe s'il a cotisé des années pour y avoir droit).

Le salarié, pourtant producteur des richesses, n'existe pas vraiment en tant que tel. Ses difficultés sont secondaires. Il faut dire qu'on n'en croise pas beaucoup dans les partis au pouvoir, et encore moins dans l'élite dirigeante, qui la plupart du temps n'a jamais mis les pieds dans une entreprise autrement qu'en visite pour y rencontrer un PDG.

Qu'on ne comprenne bien. Je ne suis pas de ceux qui pensent que tous les patrons sont des exploiteurs à pendre. Ni que le code du travail est gravé dans le marbre à jamais. Pas du tout. Mais ce déséquilibre - tout pour le Medef, pour résumer - venant de plus d'un gouvernement supposé de gauche, est IN-SUP-POR-TABLE.

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21 février 2016 7 21 /02 /février /2016 20:55
Verdun

Il y a 100 ans, le 21 février 1916 commençait la fureur de Verdun.

Derrière des chiffres, des hommes, des vies ordinaires.

De cela, dans ma famille, il reste un livret militaire, un livret de mobilisation, que je partage en mémoire.

Gandrieau, Eugène Marie Joseph, mon arrière-grand-père, paysan vendéen, mort à Thiaumont le 8 Juin 1916.

Verdun
Verdun
Verdun
Verdun
Verdun
Verdun
Verdun

A lire aussi : Quand le tocsin a sonné

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12 décembre 2015 6 12 /12 /décembre /2015 17:21
Quant on n'a rien à cacher...

C'était ce samedi après-midi, à une des entrées du centre commercial.

L'agent de sécurité venait de me demander d'ouvrir mon sac à main. Fermement, mais fort gentiment.

Bon. C'est son métier, et dans le contexte, bon bon.

J'ouvre donc mon sac. Tout de même, comme ça fait la 2e fois en 10 minutes qu'on me le demande, je lui dis que ça commence à être un peu lourd de devoir montrer à tout le monde ce que contient mon sac à main.

Mon sac à main, hein. Pas un sac à dos ou une valise. C'est à dire un petit objet où l'on range tout un bric à brac d'objets encore plus petits et très personnels. Pas de quoi y ranger de kalachnikov. Rappelons aussi que les agents de sécurité ne sont PAS des forces de police ou de gendarmerie, et que tout citoyen est en droit de refuser d'obtempérer. La base.

Enfin voilà, par principe, je lui dis mon point de vue. "Je sais, mais nous avons des consignes", me répond-il, toujours aussi gentiment.

Je comprends bien. Rien à dire sur son attitude. On cause, voilà tout.

Mais voilà qu'arrivent deux jeunes gens. L'un s'empresse de sortir ses gants, ou je ne sais quoi, pour montrer ce qu'il a dans son casque de moto. Et se mêle de la discussion. "Mais c'est normal, quand on n'a rien à cacher".

Je tente un échange sur le thème des principes... "Mais vous avez quelque chose à cacher?".

Heu... comment dire...

J'ai hésité à lui proposer de me suivre à la librairie toute proche, histoire de lui offrir 1984 ou autres Meilleur des Mondes. Je me suis demandé si, dans un autre contexte, il m'aurait dénoncée à la Police de la Pensée pour attitude suspecte.

Un gars gentil, certainement. Comme on en croise beaucoup, de ces gens qui, vous sortant une tonne d'arguments sur l'efficacité-dans-le-cas-où, vous expliquent pourquoi c'est tout de même bien d'avoir des caméras de surveillance, pas grave qu'on puisse vous suivre à la trace numérique par vos cartes bleues, téléphones, actions internet, etc... Et bien BIZARRE TOUT DE MEME d'avoir envie de pouvoir être libre d'être à un endroit connu de vous seule, en train de faire ce que vous voulez sans que personne, homme ou machine, ne puisse le savoir.

"LA GUERRE, C'EST LA PAIX !

LA LIBERTE, C'EST L'ESCLAVAGE !

L'IGNORANCE, C'EST LA FORCE !"

Pourtant, j'ai un esprit et des réflexes de scientifique. J'ai beaucoup lu, mais ne prétends pas avoir une grande culture littéraire ou philosophique. Mais ce "quand on n'a rien à cacher", terrible novlangue de plus en plus répandue, me fait froid dans le dos.

Et si, au lieu de vouloir apprendre "le code" (sic) à la jeunesse, on insistait un peu plus sur les armes de la pensée ? Et si, on lieu de vouloir tout "optimiser" dans la vie des gens, on les aidait à prendre du recul ?

Voltaire, Orwell, Huxley pour tous !

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