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  • : Chroniques ordinaires d'une socialiste de Haute-Garonne.
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On est socialiste à partir du moment où l'on a cessé de dire « bah,  c'est l'ordre des choses et nous n'y changerons rien », à partir du moment où l'on a senti que ce prétendu ordre des choses était en contradiction flagrante avec la volonté de justice, d'égalité et de solidarité qui vit en nous.

Léon Blum

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7 mars 2007 3 07 /03 /mars /2007 17:29

Beau succès pour la manifestation d’hier, qui a vu à Toulouse 15 000 personnes défiler pour l'emploi avec les salariés d’Airbus. La mobilisation a pourtant été organisée très vite. Cela prouve s’il en était encore besoin le niveau de colère.

J'étais donc avec mon syndicat sous la banderole, puisqu’à Astrium, branche espace du groupe EADS, la CGT avait naturellement appelé à participer à la manifestation. C’est une conception du syndicalisme que de lever le nez de l’entreprise quand il le faut. Comment de plus aurions-nous pu ne pas le faire, nous qui sommes dans le même groupe ? Nous connaissons bien le problème, ayant vécu il y a peu un plan social injustifié, avec à plus petite échelle la même logique financière : réduction des coûts, suppression d’emplois, transferts d’activités, puis précarisation de l’emploi avec la montée de l’interim et de la sous-traitance pour finalement compenser les départs de CDI, pour faire face à un plan de charge bien rempli qu’il fallait bien assumer tout de même. EADS, par rapport à beaucoup de petites entreprises c’est le grand confort social pour les salariés au statut. Mais c’est aussi la ligne du MEDEF, 100 % pur sucre. Et si on parle de Power 8 à Airbus en raison de son ampleur, il y a d'ailleurs dans d’autres entreprises du groupe d’autres plans qui n’augurent rien de bon.

Dans le matin frisquet, la banderole a donc pris le métro vers notre point de rendez-vous. On sentait venir le monde, nous n’avons pas été déçus ! Des bus et des bus de salariés d’Airbus. Des anciens collègues que nous retrouvons dans la rue. Mais aussi des représentants des entreprises de la réunion, nos camarades d’Alcatel par exemple. Et Bernard Thibaud, secrétaire général de la CGT, qui avait fait le déplacement pour marquer l’exemplarité de la situation, et avec lui tous les leaders des grandes confédérations.

Beaucoup de socialistes aussi croisés au hasard des groupes. Les élus, nombreux. Mais aussi beaucoup de camarades qui défilent avec leur syndicat. Des élus communistes que j’ai le plaisir de croiser à chaque manifestation. Et aussi José Bové, croisé avec moins de plaisir, comme Olivier Besancenot, car j’ai trouvé leur présence un peu limite de la récupération.

Il fallait s’accrocher à la banderole pour ne pas être emporté par quelques rafales (ah, la CGT « gros bras » n’est plus ce qu’elle était, avec toutes ces femmes maintenant, l’image en prend un coup …), mais le moment était réconfortant, par cette capacité de mobilisation.

J’ai été choquée en revanche d’entendre certains médias tout résumer au slogan « l’A320 à Toulouse ». Que les salariés défendent leur site et leur propre emploi, c’est humain. Que les responsables politiques défendent l’emploi sur leur territoire, c’est leur rôle. Que les syndicats défendent la pérennité des sites, en effet c’est normal. Mais pour autant ce n’est pas en opposant les salariés européens les uns aux autres que l’on résoudra le problème. Cela m’a rappelé quand certains syndicats que je ne citerai pas proposaient d'aller manifester devant le CNES pour demander qu’Astrium obtienne un projet à la place d’Alcatel ! Pour Airbus, c’est d’abord le plan lui-même qu’il faut refuser, parce qu’il n’est pas justifiable, avant de penser à diminuer les conséquences dans un match France-Allemagne. Et il est dommage que les slogans qui disaient « non à Power 8 » n’aient, eux, pas été relayés. Je vais citer d’ailleurs Bernard Thibaud pour finir: « Lorsque l’on sait que l’unique motivation de ce plan est l’exigence d’un plus grand taux de rentabilité financière pour les actionnaires, la bataille syndicale ne peut se cantonner à rendre le scandale socialement supportable. Elle ne peut opposer salariés français, allemands, espagnols ou anglais. Les salariés d’Airbus, et tous ceux qui dépendent de ses activités, ont un droit légitime à intervenir sur le bien-fondé de tels choix. La Cgt continuera d’apporter son plein soutien aux initiatives de mobilisation locales et coordonnées entre les syndicats en Europe.».

Ou encore : « Il n’est pas question pour la Cgt que les syndicats français se mettent en concurrence avec leurs homologues étrangers. Quel que soit leur pays, le sort des salariés d’Airbus est étroitement lié et nous perdrions beaucoup à défendre des visions étroites et sans avenir des intérêts nationaux. Nous sommes aujourd’hui dans une phase de rationalisation et d’externalisation. Comme dans l’automobile la prochaine étape risque d'être la délocalisation vers des pays de la zone dollar. » (Les Echos du 6 mars).

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