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  • : Une souris rose
  • : Chroniques ordinaires d'une socialiste de Haute-Garonne.
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Paroles

On est socialiste à partir du moment où l'on a cessé de dire « bah,  c'est l'ordre des choses et nous n'y changerons rien », à partir du moment où l'on a senti que ce prétendu ordre des choses était en contradiction flagrante avec la volonté de justice, d'égalité et de solidarité qui vit en nous.

Léon Blum

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30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 20:36

VLG31 4fev2015

A l’initiative des sensibilités se retrouvant dans la démarche Vive La Gauche en Haute-Garonne,

à savoir « Un Monde d’Avance », « Des Idées et Des Rêves », « Maintenant La Gauche » et « Oser plus loin plus vite! »


vous êtes invité-e à une rencontre-débat en présence de


 Benoit Hamon

 (député socialiste et ancien ministre), de


 Marie-Noëlle Lienemann

 (sénatrice socialiste et ancienne ministre) et


 avec l’éclairage sur la situation Grecque de


 Gabriel Colletis

 (Professeur d'économie, Université Toulouse I)


Mercredi 4 février 2015


 à 20:30 Salle Osète à Toulouse

 

6 rue du Lt-colonel Pélissier, Toulouse (Métro Capitole)

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10 janvier 2015 6 10 /01 /janvier /2015 11:16

visuelMarcheRép

Ensemble, une marche silencieuse pour défendre les valeurs de la république.

Ni drapeau ni banderole.

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 21:39

Toulouse8Janvier2015 

Je ne sais pas bien dessiner.

Et même si je savais, je crois que je ne pourrais pas.

Alors, pour se laver l'esprit, pour ces 12 morts, pour mon pays meurtri, pour ces gens qui défendent la liberté dans le monde entier, pour se faire chaud au coeur, une poésie que j'aime, un ordre du jour qui me semble tout particulièrement nécessaire en ces jours sombres.

Ordre du Jour 

Tenir l'âme en état de marche

Tenir le contingent à distance
Tenir l'âme au-dessus de la mêlée
Tenir Dieu pour une idée comme une autre
un support, une éventualité,
une contrée sauvage de l'univers poétique
Tenir les promesses de son enfance
Tenir tête à l'adversité
Ne pas épargner l'adversaire
Tenir parole ouverte
Tenir la dragée haute à ses faiblesses
Ne pas se laisser emporter par le courant
Tenir son rang dans le rang de ceux qui sont décidés 
à tenir l'homme en position estimable
Ne pas se laisser séduire par la facilité
sous le prétexte que les pires 
se haussent commodément au plus haut niveau
et que les meilleurs ont peine à tenir la route
Etre digne du privilège d'être
sous la forme la plus réussie: l'homme.
Ou mieux encore, la femme.

Jean-Pierre Rosnay

Et puis, à propos de femme, une qui sait manier les mots, la formidable chronique de Sophia Aram ce matin, qui m'a émue aux larmes.

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6 janvier 2015 2 06 /01 /janvier /2015 22:01

coucher de soleil

Bonne année à vous qui passez par ici !

A ma famille en premier lieu, jamais trop de voeux partagés pour une paisible année, aussi belle et heureuse que possible.

A mes camarades socialistes, ceux qui résistent dans ces crises qui n'en finissent pas, ceux qui tiennent bon dans l'adversité, ceux qui se battent, ceux qui veulent le changement, maintenant, ceux qui espèrent qu'en Juin, peut-être... une très bonne année militante ! 

A mes camarades de la cgt, ceux qui résistent contre des attaques qui ne devraient pas venir de là, ceux qui tiennent bon dans l'adversité, ceux qui se battent sur le terrain avec grandes difficultés, ceux qui attendent qu'une page se tourne à Montreuil, ceux qui espèrent qu'ensuite, peut-être... une très bonne année syndicale ! 

A mes camarades de gauche, d'où qu'ils soient, engagé-e-s ici, ou là, ou même là, oui, ceux qui résistent contre les ombres inquiétantes et les appétits rapaces, ceux qui se battent d'une manière ou d'une autre, militants politiques ou syndicaux, pour que demain soit meilleur, ceux qui ont des valeurs, ceux qui défendent leurs idées tout en respectant celles des autres, ceux qui espèrent encore ... une très bonne année engagée ! 

Et pour prendre des forces, un peu de poésie... Carpe diem.

 

Saisir l'instant

Saisir l’instant tel une fleur
Qu’on insère entre deux feuillets
Et rien n’existe avant après
Dans la suite infinie des heures.
Saisir l’instant.

Saisir l’instant. S’y réfugier.
Et s’en repaître. En rêver.
À cette épave s’accrocher.
Le mettre à l’éternel présent.
Saisir l’instant.

Saisir l’instant. Construire un monde.
Se répéter que lui seul compte
Et que le reste est complément.
S’en nourrir inlassablement.
Saisir l’instant.

Saisir l’instant tel un bouquet
Et de sa fraîcheur s’imprégner.
Et de ses couleurs se gaver.
Ah ! combien riche alors j’étais !
Saisir l’instant.

Saisir l’instant à peine né
Et le bercer comme un enfant.
A quel moment ai-je cessé ?
Pourquoi ne puis-je… ?

Esther Granek

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11 décembre 2014 4 11 /12 /décembre /2014 14:33

Respect_950x650.jpg

Est-il encore possible d'employer le mot "respect" en politique ?

J'ai eu parfois envie de prendre la défense d'Emmanuel Macron. Par exemple quand dès sa nomination certains l'ont résumé à un jeune technocrate ambitieux ancien banquier d'affaire. C'était bien commode. Mais juger quelqu'un apriori en le réduisant à ce qu'il est, quelle tristesse. J'ai trouvé cela aussi stupide que protester quand Louis Gallois a produit son rapport sur l'industrie. On n'est pas obligé d'être d'accord avec ce qu'il a dit, mais on n'est pas obligé non plus de vouloir le pendre haut et court parce qu'il a été patron de la SNCF et CEO d'EADS. Chacun a droit au respect de sa personne et de ses opinions. 

Mais maintenant, le projet de loi Macron, dit "pour la croissance et l'activité" a été présenté en Conseil des Ministres (et publié officiellement avec tout le dossier législatif ici). Nous pouvons donc juger sur les actes.

Et là, je vous l'avoue, je PLEURE. Ou, selon les moments, comme disait Laurence Parisot, je suis FUMASSE. Les deux à la fois probablement.

Car enfin, pour ce qui concerne la partie touchant au droit du travail, quel manque de respect(s).

Le respect de la parole politique, en premier lieu. A un moment où le FN joue sur la désespérance et progresse jusque dans les plus paisibles campagnes, comment peut-on ainsi alimenter la crise politique, le rejet maintes fois exprimé par les citoyens, la décrédibilisation de la parole publique, en défendant aujourd'hui l'exact contraire de ce que nous défendions hier dans l'opposition ?

Certes, le monde change, on peut évoluer, voire même dire que l'on pense s'être trompé, en expliquant pourquoi. Mais pas à ce point faire le grand écart.

Les citoyens ne sont pas idiots, et internet est là pour combler les oublis des mémoires humaines.

Le travail du dimanche n'est qu'un sujet parmi beaucoup d'autres dans ce projet de loi. Il cristallise pourtant l'attention, et le rejet de la plupart des socialistes, ouf. C'est qu'il ne s'agit pas d'une simple mise en cohérence législative ou de quelques élargissements géographiques qui auraient pu être possibles. Non, on le présente comme une "liberté", on nous bassine encore avec le "volontariat", cette construction intellectuelle de gens qui n'ont jamais travaillé dans une entreprise (ou alors comme DRH ou directeur financier!). Présenté ainsi, c'est un symbole envoyé aux libéraux, et Martine Aubry a alors raison de souligner que c'est un choix de société.

Comment alors, sur un tel choix, pourrions-nous changer radicalement d'avis sans ciller ? Des textes ont été ressortis, à raison. Dans ce communiqué 2009 du PS contre le travail du dimanche, rien à redire. Dans cette tribune de 2008, signée par certains des ministres silencieux associés à la présentation Macron-Valls, rien à redire non plus. Les renier, c'est dire aux citoyens que les textes n'engagent que ceux qui ont la faiblesse d'y croire encore. C'est très grave.

Le deuxième sujet qui me chagrine concerne le délit d'entrave. Il s'agit, via l'article 85, de le dépénaliser. Pire, il s'agit d'autoriser le gouvernement à légiférer par ordonnance pour "réviser la nature et le montant des peines et des sanctions applicables en cas d'entrave au fonctionnement des Institutions Représentatives du Personnel". Par ordonnance ! C'est de respect du débat parlementaire qu'il s'agit là d'abord. Quelle est donc l'urgence absolue qui nécessiterait cette procédure sur ce sujet ? Mais là encore, regardons en arrière, et lisons le discours du député Hollande François, en 2005, s'insurgeant entre autres choses contre la modification du droit du travail par ordonnance. Au passage, un savoureux passage sur les seuils sociaux, cette "vieille recette patronale". Respect de la parole publique, en ce lieu sacré de la République. On rirait, si ce n'était pas si triste.

Pour savoir ce qu'il y a derrière cette future ordonnance, il faut aller voir les tomes dits "études d'impact". On y retrouve (au tome 3) les éléments évoqués par François Hollande : il s'agirait de supprimer les peines d'emprisonnement et d'augmenter les sanctions financières. La justification me laisse pantoise. Un premier argument est que les peines de prison sont peu souvent attribuées. Je vois mal en quoi cela justifie de les supprimer. Mais il faut lire la vraie raison : la modification "a vocation à envoyer un signal rassurant aux investisseurs étrangers".

WELCOME MOLEX !!!

Oui, je suis en colère. Oui, je trouve que c'est un manque de respect, pour les salariés qui subissent les conséquences de ses situations, pour les syndicalistes qui se battent avec les quelques armes que le droit leur donne. Oui, je trouve même cela insultant.

J'étais ce jour d'Avril 2010 à cette pesante audience au TGI de Toulouse, alors que des dirigeants de Molex comparaissaient pour entrave (petit rappel ici). Ils furent condamnés à 6 mois avec sursis. Ils ont aujourd'hui retrouvé un travail. Alors que ce n'est pas le cas pour de nombreux salariés de Villemur. Mais au moins, justice a été faite. Sommes-nous en train de dire qu'il faut "envoyer un message rassurant" aux entreprises telles que Molex ? En Haute-Garonne, comme bien au-delà, tous les socialistes, militants et élus, ont soutenu le combat des Molex. J'espère que pas un-e de nos parlementaires n'acceptera de voter cet article.

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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 21:19

grosse fatigue

Comme une grosse fatigue, après l'annonce par le gouvernement du choix du consortium sino-canadien pour la privatisation de l'aéroport de Toulouse Blagnac - oui, privatisation, appelons un chat un chat.

Je suis purement et simplement scandalisée par ce choix.

Je ne vois pas une seule bonne raison qui le justifierait, mais au contraire tout un tas de raisons qui le rendent inacceptable.

Le principe même de cette "ouverture du capital", pour reprendre les éléments de langage du ministre Emmanuel Macron, posait déjà question. Pierre Izard, président PS du Conseil Général de Haute-Garonne, l'exprime très clairement dans son communiqué : "ce qui s'avère être la privatisation d'un équipement public stratégique majeur".

Certains rétorquent que ce n'est rien de grave, juste une "concession". Quand bien même cela ne serait "que ça". On a vu le résultat avec les autoroutes. Sommes-nous en train de nous préparer les futurs problèmes de concession des aéroports ? Et les gares, pour quand ?

La question économique est la première qui a fait réagir à Toulouse, de par la proximité avec Airbus et autres ATR. Airbus et l'aéroport sont en effet intimement liés, de chaque côté des pistes que l'entreprise utilise pour son activité. La CGT d'Airbus a tiré la sonnette d'alarme, et Jean-Louis Chauzy, président du CESR Midi-Pyrénées, a été le premier à taper du point sur la table. Des parlementaires de Haute-Garonne ont fait état de leurs craintes, et se sont dit rassurées par des engagements sur la consession de l'utilisation des pistes et des locaux par Airbus. Jusqu'au jour de l'annonce, de nombreuses voix se sont élevées pour dissuader le gouvernement du choix du plus offrant.

Une fois le choix chinois annoncé, on nous expliqua qu'il ne fallait pas s'inquiéter, que toutes les garanties avaient été apportées vis à vis d'Airbus, et que c'était fantasme malvenu que de s'inquiéter de l'arrivée de ces capitaux chinois juste à côté d'un de nos fleurons industriels. Il est vrai qu'Airbus a construit une usine en Chine, et a bien d'autres raisons de s'inquiéter de l'espionnage industriel. Mais il est un fait que l'on a appris récemment que de grandes oreilles chinoises avaient été déployées en région parisienne. Je note aussi que le maire socialiste de Mérignac s'est empressé de dire que l'aéroport de Bordeaux-Mérignac n'était pas à vendre, et de parler de la proximité avec Dassault. Et Jean-Louis Chauzy résume avec bon sens la question : "imaginerait-on que les USA laissent s'installer à Seattle à côté de Boieng des investisseurs chinois ?".

Alors oui, je pense moi aussi que parler de patriotisme économique et industriel, en l'occurrence européen, a un sens. Je partage l'avis, par exemple, de Karine Berger, secrétaire nationale du PS à l'économie, qui a dit son malaise de vendre à des structures étrangères non-européennes des infrastructures stratégiques. Et je ne partage pas le point de vue de ceux qui disent que le fait que ce groupe soit chinois n'est pas le problème. Si, c'est aussi un problème.

Certes, un des gros problèmes, unanimement souligné, tient à la nature du consortium gagnant. Un groupe canadien, Lavalin, que la Banque Mondiale a radié pour 10 ans de ses projets, et deux fonds chinois qui soulèvent de nombreuses questions. No comment.

L'autre point noir majeur concerne l'environnement et l'aménagement du territoire. Car ce groupe déclare vouloir tripler le traffic de Blagnac. Non mais ça va pas ? Les associations de riverains parlent évidemment de catastrophe. Mais au delà des riverains, c'est toute l'agglomération qui se sent concernée. Des citoyens à qui personne n'a demandé s'ils étaient d'accord pour que leur aéroport devienne un second Roissy ! Au delà de la métropole même, c'est toute la région qui s'inquiète, voyant ressurgir le sujet d'un 2e aéroport qui avait soulevé de fortes oppositions et avait fini par être abandonné. Car évidemment, Blagnac étant enclavé proche de la ville centre, comment concevoir de tripler son traffic sur place ?

Avec toutes ces inquiétudes exprimées, le gouvernement, et certains qui l'accompagnent, voudraient nous rassurer. L'Etat et les collectivités restent majoritaires avec 50,1%. Il faut être bien ignorant du fonctionnement des entreprises, ou bien malhonnête, pour lier le contrôle effectif et le strict pourcentage de parts. Ce n'est pas cela qui détermine la prise de contrôle, enfin ! Exemple local pour ceux qui ne seraient pas familiers avec ces notions: au sein d'EADS, anciennement Matra, la famille Lagardère qui avait le contrôle alors qu'elle était minoritaire. Pierre Izard ne s'y est pas trompé dans son communiqué, ni Martin Malvy qui après l'annonce s'est soucié d'un pacte d'actionnaire qui garantirait le contrôle de la puissance publique. Louable intention. Et nécessaire. Mais j'ai franchement beaucoup de mal à croire que de tels investisseurs vont débourser 300 millions d'euros sans vouloir avoir le contrôle. Médiapart se fait maintenant l'écho d'un tout autre pacte. Il sera crucial de savoir ce qu'il en est. Mais ce qui est dit me semble hélas bien vraisemblable.

Nous en revenons donc là. Le contrôle. Je citerai un camarade socialiste, ayant travaillé à l'aéroport, rappeler cette imparable logique : "Qui contrôle l'aéroport contrôle les créneaux horaires. Qui contrôle les créneaux horaires contrôle le business". Il suffit de voir ce qu'il en est des priorités sur les pistes pour comprendre, par analogie : à Blagnac, les avions Air France sur les pistes les plus proches, quand à Heathrow, c'est British Airways qui est favorisé.

D'autres soulignent même le risque industriel. Laisser le gouvernement chinois disposer d'une plateforme en Europe, un pied à terre pour le fret en quelque sorte, c'est condamner définitivement l'espoir de remonter une industrie dans le pays, disent-ils.

Le dernier problème est tout aussi majeur, bien que moins mesurable. C'est le sentiment de braderie, de renoncement, d'abandon, qui s'est répandu dans la population. Le succès de l'initiative de financement participatif de la plateforme de crownfunding Wiseed est révélateur. 18,5 millions de "promesses de dons", c'est à dire de déclarations d'intention de participer au rachat de 10% des parts de l'Etat. C'est un message assourdissant ! Et oui, les fondateurs de Wiseed sont gens très sérieux. Les donateurs tout autant. J'en étais, comme beaucoup de citoyens, non pour faire une affaire (bien que cela ne soit pas interdit, l'aéroport étant très rentable), mais pour marquer, comme beaucoup de haut-garonnais que je connais, un attachement à ne pas laisser ainsi partir "notre" aéroport. Je suis d'ailleurs très déçue que Bercy n'ait pas semblé prêter grande attention à l'offre qui a été déposée officiellement. Mais quoi qu'il en soit, reste le message, et reste le sentiment de dépossession. Il suffit d'aller discuter avec des toulousains pour le mesurer.

Alors oui, le maire UMP de Toulouse est content du choix du gouvernement. Il semble que l'affaire lui permette de financer certaines de ses promesses de campagne, si l'on comprends bien. Plus triste, le 1er Secrétaire du PS qui voit dans l'expression des oppositions des postures en vue de notre prochain congrès. Mais non Jean-Christophe, enfin, vraiment tu fais erreur.

Ce choix est scandaleux, je le maintiens. Et s'il se confirme dans les faits, nombreux sont ceux qui risquent à mon avis d'en payer les conséquences, à court, moyen ou long terme.

Est-il encore temps d'arrêter cela ?

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9 novembre 2014 7 09 /11 /novembre /2014 12:09

CPH    

Le 14 Octobre dernier, le Sénat adoptait en première lecture le projet de loi relatif à la désignation des conseillers prud'hommes. Il sera examiné par l'Assemblée Nationale, à partir du 12 Novembre, en commission, puis en séance publique le 20 Novembre. Ayant été présenté en procédure accélérée par le gouvernement, il pourrait ne faire l'objet que d'une seule lecture.

L'objet de ce projet de loi est d'autoriser le gouvernement à transformer l'élection prud'hommale en une désignation, et ce, par ordonnance.

Art. 1 (extrait) : Le Gouvernement est autorisé, dans les conditions prévues à l'article 38 de la Constitution et dans un délai de dix-huit mois à compter de la promulgation de la présente loi, à prendre par ordonnance les dispositions relevant du domaine de la loi prévoyant la désignation des conseillers prud'hommes en fonction de l'audience des organisations syndicales de salariés définie au 5° de l'article L. 2121-1 du code du travail et de celle des organisations professionnelles d'employeurs définie au 6° de l'article L. 2151-1 du même code. 

Sur la forme comme sur le fond, ce projet de loi me semble inapproprié, et fort regrettable venant d'un gouvernement de gauche.

Sur la forme, je ne comprends pas que la suppression d'une élection au suffrage direct puisse être envisagée par décret, et discutée dans le cadre d'une procédure accélérée.

Sur le fond, les arguments utilisés me semble étonnants.

Cette élection serait trop chère, pour un taux de participation trop faible. Mais à ce compte là, quelles élections politiques va-t-on bientôt supprimer ?

On peut réfléchir aux moyens de diminuer son coût. Même si le qualificatif "trop cher", pour une élection dont le rapport Richard indique qu'elle est revenue à 4,77€ par inscrit en 2008 (à comparer d'ailleurs aux 4,73€ par inscrit de la présidentielle 2007), me semble assez contestable. La démocratie a un coût, en effet. Faut-il s'en plaindre et ne raisonner que par ce biais ?

On peut surtout réfléchir aux moyens d'améliorer la participation. Lors de la dernière élection, le faible niveau de la campagne d'information avait été souligné. Le refus des entreprises d'organiser l'élection sur place conduit à des freins supplémentaires.

Mais, c'est bien connu, quand on veut tuer son chien, on l'accuse d'avoir la rage.

Le deuxième type d'argument est basé sur la mise en place de la représentativité syndicale. L'élection serait remplacée par une désignation, sur la base des résultats de représentativité, maintenant qu'ils sont établis. Franchement, je ne comprends pas ce mélange.

Lorsque les salariés votent aux élections professionnelles, ils votent pour élire ceux qui vont les représenter au quotidien pour les demandes et problèmes face à la DRH, s'exprimer en leur nom au moment de certains choix économiques, lors d'un plan social, ou pour la négociation des accords d'entreprise, ainsi que pour la gestion du Comité d'Etablissement ou d'Entreprise. Imaginer que ce même vote détermine en même temps les conseillers chargés de juger les litiges portés en justice me semble une vraie bizarrerie. Imaginerait-on de désigner les députés sur la base des résultats des municipales ?

D'autre part, ce raisonnement exclut de fait tous ceux qui n'élisent pas de représentants du personnel ou n'étaient pas pris en compte dans les calculs de représentativité. Notamment tous les chômeurs. Est-ce juste ?

Alors oui, la justice prud'hommale souffre de difficultés. Comme le reste de la justice, des délais insupportables. Une réforme de son fonctionnement visant à la pérenniser et à l'améliorer n'est pas à contester. Mais il faudra alors faire le bilan des moyens, peu à peu réduits, mis à disposition pour cette justice, si importante pour tant de salariés.

Evidemment, en consultant les statistiques, on peut comprendre que les organisations patronales cherchent à affaiblir cette juridiction. 71% des jugements donnent raison aux demandeurs, c'est à dire aux salariés (une infime partie des demandes venant des employeurs). A noter aussi que lorsqu'il y a appel, les jugements sont majoritairement confirmés par les juges professionnels, ce qui devrait faire taire les critiques sur la qualité du jugement des conseillers prud'hommaux.

Alors non, supprimer d'un trait de plume une élection directe ne me semble pas une solution en terme d'efficacité et de justice. Alors que c'est un recul en terme de démocratie.

Pour en savoir plus :

- le dossier législatif sur le site du Sénat

- le dossier législatif sur le site de l'Assemblée Nationale

- le rapport Richard

- le rapport Lacabarats

- les statistiques de la juridiction sur le site du ministère de la Justice

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3 novembre 2014 1 03 /11 /novembre /2014 13:01

image

C'est apparemment la formule du jour. "Arnaud Montebourg retourne à l'école", et autres variantes du même style. Avec la petite musique moqueuse qui semble aller avec.

Je suis tellement sidérée d'entendre ça partout que me voilà à en parler ici.

Car enfin, mesdames messieurs les journalistes, je ne vous comprends pas.

Est-ce juste une formule vite faite mal faite, utilisée en mode automatique ? Le fait que vous y ajoutiez parfois ces fichus bancs qui nous renvoient maintenant à quelques générations me ferait pencher pour cette hypothèse.

Mais les commentaires sur le mode ironique me donnent à penser qu'il y a autre chose. Seriez-vous donc à ce point ignorants de l'existence de la formation professionnelle ? Mais oui, voyez-vous, très régulièrement, moi aussi, je "retourne à l'école". Bien contente de faire partie des salariés qui ont la chance d'être dans une entreprise qui propose un éventail conséquent de formations. Car oui, il est nécessaire, dans ce monde où les technologies et les métiers évoluent, où il faut être compétitif, réactif, adaptable, d'actualiser ses connaissances ou d'acquérir de nouvelles compétences.

Et je ne parle pas de ceux qui changent de métier, au prix de cours du soir en parallèle de leur activité professionnelle et de leur vie familiale à gérer, ou d'un cursus complètement nouveau à l'occasion d'une reconversion, parfois suite à un plan social. Je ne vois pas là matière à ironie. Au contraire, toutes celles et ceux que j'ai connus dans cette démarche n'ont suscité chez moi qu'une chose : l'admiration de s'affronter à ce défi là.

Mais peut-être ce qui s'applique à des millions de salariés ne s'applique-t-il pas à un ancien ministre ? Peut-être est-il dérangeant de voir quelqu'un ne pas poursuivre une carrière politique à base d'un long tunnel ininterrompu de cumuls de x mandats, dans l'espace et dans le temps ? Je vous l'accorde, ce n'est pas la majorité des cas. Et à vrai dire, je trouve ça bien dommage.

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28 octobre 2014 2 28 /10 /octobre /2014 19:48

 RemiFraisse.jpg

Un jeune homme de 21 ans est mort à Sivens, dans ce beau département du Tarn.

J'en suis très triste.

Mais aussi choquée d'entendre ces réactions qui me semblent tellement décalées.

Choquée du temps qu'il a fallu pour que l'Etat manifeste sa compassion aux proches de ce jeune Rémi Fraisse.

Choquée d'entendre certains responsables EELV comme Noël Mamère s'exprimer en utilisant cette mort pour demander l'arrêt du projet. De deux chose l'une : ou bien le projet est mauvais, et il faut l'arrêter (ce que je crois compte tenu des éléments que je connais; mais n'étant pas très au fait du dossier, ni concernée localement, je me garderai d'avoir un avis définitif). Ou bien il est bon, et aussi dramatique que soit cette mort, l'utiliser comme argument me semble assez malsain.

Choquée tout autant d'apprendre qu'un rapport, bien tardivement sorti, donne raison à ceux qui sont venus pacifiquement dire leur rejet de ce projet pour le moins mal ficelé.

Choquée, et même scandalisée, des propos du président du Conseil Général du Tarn, qui déclare "Mourir pour des idées, c'est une chose, mais c'est quand même relativement stupide et bête". Comment peut-on dire une chose pareille ?

Choquée des propos de François Fillon qui fait une sorte d'amalgame accusatoire entre écologistes qui défendent une cause et casseurs ou extrémistes qui l'exploitent, et au passage lui nuisent.

Choquée de la réaction de Jean-Luc Mélenchon qui sans attendre les conclusions demande la démission du ministre de l'Intérieur.

Ne peut-on pas, simplement, raison garder en ces tristes et graves circonstances ?

Le père de Rémi Fraisse appelle au calme. Ne peut-on pas l'entendre ? Ne pas tout mélanger ? Faire les choses dans l'ordre et avec respect ?

Oui, ce soir, triste, et vaguement écoeurée.

 

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12 octobre 2014 7 12 /10 /octobre /2014 15:35

babouse-medef.png

Voilà une chose que je partage avec Manuel Valls.

Oui, j'aime l'entreprise !

Mais peut-être pas tout à fait de la même manière.

Peut-être parce que, moi, j'y travaille.

Jamais je n'aurais pensé qu'un Premier Ministre nommé par un Président socialiste irait se faire ovationner devant le MEDEF. Oui, o-va-tion-ner. Le MEDEF, cette organisation syndicale, pas plus représentative que ça, qui allie provocation et dogmatisme, mais avance ses pions, toute heureuse de trouver des oreilles si attentives à ses pleurs récurrentes.

Oui, j'aime l'entreprise, mais pas celle où la rapacité des financiers a pris le pas sur l'innovation et l'investissement long-terme des industriels. Pas celle qui jongle avec stock-options, retraites chapeaux et ce que pudiquement on nomme "optimisation fiscale", tout en faisant porter sur ses salariés, réduits à des facteurs de coût, le poids de ses exigences gloutonnes qui ne profitent qu'à quelques uns.

Il fut un temps où, pour le Parti Socialiste, l'entreprise semblait, à l'inverse, être le MAL, autant que le Service Public était le BIEN. Par quel étrange chemin en arrive-t-on à la caricature inverse, où l'on encense, non l'entreprise, mais quelques uns de ses dirigeants, qui pourtant ont une conception totalement contradictoire avec les intérêts de ce que les socialistes sont censés défendre ?

Car l'entreprise ne peut être réduite à un patron du CAC40 fumeur de cigares. L'entreprise, c'est aussi le petit patron de PME ou de TPE qui créée l'activité, le jeune fondateur de startup qui galère face à des banques qui ne veulent pas l'aider à développer son idée en attendant un Chiffre d'Affaire, le dirigeant élu de la SCOP, petite ou grosse. Et surtout, l'entreprise, ce sont aussi ces millions de salariés qui produisent les richesses. Sans eux, sans nous, rien à redistribuer.

Et pourtant, c'est avec de plus en plus de difficultés que le travail se fait. Voilà qu'il faudrait être de plus en plus précaire, mobile, flexible, agile, ... Plus contraint, plus stressé. Moins payé, moins protégé, si possible.

Comment accepter alors toutes ces déclarations donnant le sentiment d'un tel déséquilibre dans les choix politiques ? Comment supporter que des milliards soient distribués d'un côté, en en espérant un retour automatique, avec une sorte de naïveté confondante, alors que l'on rabiote de l'autre, par un moyen ou un autre, le pouvoir d'achat de ceux qui ne vivent pas de rente, mais de leur force de travail ? Comment ne pas hurler, quand on a adhéré au discours du Bourget, d'entendre un Premier Ministre défendre non l'entreprise, mais les affaires devant des financiers à Londres ? Comment accepter, alors que chômage et précarité amènent tant de malheurs dans les foyers, de voir un ministre du Travail porter une parole qui instille la sale idée que les chômeurs seraient pour beaucoup des profiteurs, ou que les mécanismes de représentation du personnel seraient avant tout un frein à l'emploi ? Comment supporter qu'un ministre de l'économie, sous prétexte de modernisation et de chasse aux tabous, c'est bien commode, veuille encore s'attaquer à des fondamentaux au risque de fragiliser un peu plus les salariés déjà tant malmenés ?

Trop, c'est trop.

Au moment où les Etats Généraux du PS invitent militants et sympathisants à redéfinir l'identité socialiste, et à répondre par exemple à la question "quelle doit être notre conception de l'entreprise?", je suis frappée de voir combien nous sommes réduits à être sur la défensive. Nous voilà à nous réjouir qu'un gouvernement à majorité socialiste dise qu'il ne remettra pas en question les 35 heures, ou que le Premier Secrétaire du parti majoritaire exprime l'opposition du PS à la libéralisation des seuils sociaux. Cela va mieux en le disant. Mais cela devrait aller sans dire !

Mais enfin, ce n'est pas ça la gauche ! C'est le mouvement, pas la destruction de ce que des siècles de luttes sociales ont construit ! C'est le progrès social pour le plus grand nombre, pas la frilosité pour tenter de résister aux coups de boutoirs de quelques uns !

Au secours !

Ressaisissons-nous, il en est encore temps.

Car là-bas, tranquillement, l'extrême-droite guette nos faux pas, et tisse sa vilaine toile sur les cendres de nos renoncements.

 

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