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  • : Une souris rose
  • : Chroniques ordinaires d'une socialiste de Haute-Garonne.
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On est socialiste à partir du moment où l'on a cessé de dire « bah,  c'est l'ordre des choses et nous n'y changerons rien », à partir du moment où l'on a senti que ce prétendu ordre des choses était en contradiction flagrante avec la volonté de justice, d'égalité et de solidarité qui vit en nous.

Léon Blum

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21 octobre 2017 6 21 /10 /octobre /2017 10:18
(merci Marie-Claude Farcy pour la photo)

(merci Marie-Claude Farcy pour la photo)

Ce jeudi 12 octobre, c'est à Toulouse, dans cette belle salle Jean Jaurès de la Fédération de Haute-Garonne, devant le Conseil Fédéral, que j'ai annoncé mon départ du PS.

Plus de 22 ans après y avoir adhéré, au lendemain, très exactement, de l'élection de Jacques Chirac à la Présidentielle de 1995.

Autant dire que c'est pour moi une longue page qui se tourne.

Avec de l'émotion, bien sûr. Mais sans regrets, ni pour les années écoulées, ni pour cette décision qui maintenant s'imposait à moi.

Merci à Sébastien Vincini, 1er Fédéral du PS31, pour les regrets qu'il a exprimés en me donnant la parole ce soir là. Une pensée particulière pour Serge Pontié, autrefois secrétaire de la section de Balma, qui m'a accueillie, avec toute sa sincérité militante et son affectueuse attention. Et un grand merci à toutes et tous, camarades, ex-camarades, ami-e-s, qui m'ont depuis adressé mots gentils et signes amicaux.

Et puisque cela m'a été demandé, et que je n'ai rien dit que je n'assume publiquement, voici le texte de mon intervention.

Intervention devant le Conseil Fédéral PS31

Toulouse, le 12 octobre 2017

 

Cher-e-s camarades,

 

La situation est difficile, les enjeux sont majeurs, et notre responsabilité collective est immense.

J'espère cependant que vous me permettrez de prendre un peu de temps pour une intervention plus personnelle.

Car ce soir, je suis venue vous dire au-revoir, annoncer ici mon départ du Parti Socialiste, et en conséquence remettre immédiatement mes mandats au Conseil Fédéral et au Bureau Fédéral.

J'ai tenu à le faire, car je trouvais plus franc et loyal de venir le dire ici, dans cette salle que je connais depuis plus de 20 ans. Elle est remplie de souvenirs. Des bons, et des mauvais. Mais des bons...

Et je tenais à le faire directement devant vous, car aucun de vous n'est à titre individuel la cause de mon départ.

 

La cause, c'est la distance, peu à peu accrue au fil des derniers mois, avec ce qu'est devenu aujourd’hui le Parti Socialiste.

J'ai déjà failli déchirer ma carte x fois, quand des dirigeants issus de nos rangs, dont nous avions par nos engagements militants permis la victoire, ont commencé à mettre en oeuvre ce que nous combattions avant d'accéder au pouvoir. Retraites, loi Macron, loi Travail... Mais inutile d'allonger la liste, chacun comprend parfaitement de quoi je veux parler.

Je ne l'ai pas fait, comme un certain nombre d'autres, considérant que je n'avais pas à me faire mettre à la porte de chez moi par ceux qui, à mes yeux en tout cas, s'éloignaient de nos idéaux, et foulaient aux pieds les textes que de conventions en congrès nous avions collectivement adoptés.

C'est pourquoi vous ne m'entendrez pas non plus demain reprocher leur choix à ceux qui restent, comme on peut parfois l'entendre à l'extérieur.

 

Mais, pour ma part, je suis aujourd'hui arrivée au bout du bout de ce chemin.

Je ne crois absolument pas en la capacité de la Direction Nationale à mener à bien une quelconque refondation.

Les mêmes qui, hier, laissaient faire, au mieux, ou fustigeaient ceux d'entre nous qui émettaient des critiques, seraient aujourd'hui devenus de fermes opposants à la politique de Macron ? Alors que, certes pas dans tous les domaines, mais sur certains plans tout au moins, il ne fait que s'engouffrer dans les brèches ouvertes dans le mandat précédent. Vont-ils maintenant appeler à manifester, après avoir demandé silence et discipline ? A l'Assemblée Nationale, le président du groupe (ce qu'il en reste) est le même. Le groupe ne se nomme d'ailleurs même plus « socialiste ». Pour ménager X ou Y, sans doute.

Le résultat, c'est une totale confusion. Et je ne veux plus de cette confusion.

 

Dans ce contexte, je salue et dis bravo à ceux qui sincèrement y croient encore, particulièrement dans cette Fédération. Travail et humilité, j'avais beaucoup aimé tes mots, Sébastien, pour tracer les perspectives de ces chantiers de rénovation.

Mais moi, je n'y crois plus.

J'ai connu 2002. J'étais là au début du NPS, avec des camarades qui s'appelaient Montebourg, Hamon, Peillon. Congrès après congrès, que de débats et de combats, que d'énergie et d'espoirs... Mais voilà, nous savons ce que cela a donné.

Je n'ai plus envie de poursuivre ainsi, dans ce climat de confusion.

La clarté, pour ce qui me concerne, c'est maintenant de partir, et souhaiter bon courage à d'autres.

 

Pour finir, dans cette dernière intervention, j'aimerais partager avec vous deux sentiments. Un négatif, et un positif.

Je commence par le négatif : le sentiment de déconnexion que j'ai parfois, trop souvent, éprouvé, entre le fonctionnement du Parti et les réalités de ma vie personnelle ou professionnelle. C'est enfoncer des portes ouvertes que de dire que le PS n'est pas représentatif de la diversité de la société. Nous le savons tous.

Mais je dois vous dire que j'ai parfois trouvé cela bien étrange. Parfois bien pesant aussi. J'en ai eu de multiples exemples. Mais je me dis que, peut-être, certains ne se sont pas toujours rendu compte de ce grand écart, pris dans les habitudes et les repères de leur propre vie, comme chacun de nous peut l'être, moi comprise. C'est pour cela que je veux le dire ce soir. Sans offense aucune.

Car je crois qu'il y a derrière un vrai débat de fond. L'engagement doit-il être une succession de mandats, limité dans le temps, ou bien faut-il le professionnaliser ?

Le même genre de débat se pose d'ailleurs pour les Organisations Syndicales. Vaut-il mieux viser une certaine efficacité avec des permanents syndicaux, ou bien confier des mandats à un plus grand nombre de salariés gardant une activité professionnelle ?

La politique est-elle donc une science qui s'enseigne et conduit à des carrières, ou bien un engagement, limité dans le temps, de simples citoyens ?

Peut-être certains connaissent-ils ce texte écrit, sur son blog, par l'ancienne ministre Michèle Delaunay : « Le Tunnel ». Intéressant texte, qui pose d'excellentes questions.

Peut-on prétendre organiser la vie des gens, si on n'a pas soi-même vécu ce que l'on pourrait qualifier de « vie normale », c'est à dire proche de ce que vit une partie significative de la population ?

Personnellement je pense que non. Et cela n'enlève absolument rien aux qualités personnelles de ceux qui ont ce parcours. Ce n'est pas une question individuelle. C'est une question d'équilibre collectif.

Mais c'est un débat un petit peu plus complexe que quelques phrases. Il a toute sa place dans un processus de rénovation. Mais il faudra nécessairement y répondre.

 

Le positif, c'est que, je dois vous l'avouer, je me suis enrichie.

Pas financièrement, je vous rassure, pas d'un centime - plutôt le contraire, sur ce plan, comme beaucoup de militants qui donnent temps et argent.

Mais je me suis enrichie au contact de celles et ceux que j'ai croisé-e-s depuis 22 ans, et grâce à tout ce que j'ai pu vivre dans ce Parti. Enrichie en ouverture d'esprit, en rencontres, de gens différents, et d'idées diverses. Et j'ai beaucoup, beaucoup appris.

Je ne pense pas que ce large éventail de points de vue qui caractérise depuis longtemps le Parti Socialiste soit une faiblesse intrinsèque. Au contraire. Je préfère la confrontation d'idées différentes, parfois même opposées, à la déclinaison d'un dogme unique. J'aimerais espérer que cela se poursuive, que la clarification et le retour aux fondamentaux s'accompagnent de cette capacité à rassembler des pensées non uniformes et libres.

 

Mais maintenant, ce sera sans moi.

Pour autant, socialiste je suis, socialiste je reste.

Je vous dis au-revoir, mais peut-être, sans doute, je l'espère, nous retrouverons nous, à travers les réseaux, sociaux ou humains, ici ou là.

 

Merci de votre attention.

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27 mai 2015 3 27 /05 /mai /2015 22:13
Quand Beuvray rime avec fidélité

Que voulez-vous, ici c'est le Sud, et donc ce lundi, c'est bien le Mont Beuvr-é, celui qui pour moi rime avec fidélité, que j'ai une nouvelle fois gravi.

Depuis 2004, c'est un rendez-vous politique annuel où se retrouvent Arnaud Montebourg et les parlementaires de Saône-et-Loire et Nièvre (oui, c'est un bazar là-bas les frontières des départements, je ne vous raconte pas).

Cette année, il prenait une dimension toute particulière. D'une part avec le retrait d'Arnaud Montebourg de la vie politique médiatique du moment. D'autre part avec le calendrier du congrès PS qui fait que Christian Paul, présent comme d'habitude en tant que député de la Nièvre, était cette année aussi le candidat de la motion B au poste de 1er Secrétaire, à quelques jours du vote.

Tout cela justifiait bien ce long trajet vers ce magnifique pays du Morvan.

Verte campagne, blanches vaches, de l'espace, des odeurs, les vieilles pierres de la ville d'Autun, un peu de tourisme le dimanche - et oui, allez y donc voir vous-même. Toujours pas eu le temps de flâner à Chateau-Chinon, damned, ce sera pour une autre fois...

Cet évènement est bien entendu l'occasion de retrouver les camarades de la sensibilité des amis d'Arnaud Montebourg, comme on dit, aka "Des Idées et Des Rêves" aka DIDR.

Après le vote des motions, le moment était idéal pour partager nos analyses des résultats et envisager l'avenir. L'hôtel du Morvan, le lundi matin, est une nouvelle fois un cadre parfait pour une réunion des mandataires départementaux.

Cela fait, nous voilà partis pour le parking du musée de Bibracte, départ de la "randonnée". Mais cette année, pas d'Arnaud en bas. Dans le contexte du moment, c'est Christian Paul qui mène la montée. Les "retrouvailles" se feront au sommet - hé hé oui, il y a un autre accès.

Les journalistes, nombreux, sont fort contrariés de ne pas arriver à extorquer une déclaration de politique nationale à un Montebourg qui, pourtant, avait prévenu qu'il serait silencieux. Silencieux, mais bien là, aux côtés de Christian Paul qui donne du sens à sa candidature.

Le temps est frisquet, mais devant ce splendide panorama, résonnent les mots de majorité d'idées, respect des engagements, démocratie, gauche.

Le pique-nique sorti du sac est bref. Mesdames-messieurs les journalistes, vous étiez déçus, peut-être, mais aussi un peu lourds, à ne pas laisser manger et discuter tranquillement entre nous, sans micro qui traine ou caméra qui filme un saucisson.

Nous, nous étions un peu gelés, mais bien là. Parce qu'en politique, la fidélité, aux idées que l'on défend, aux gens que l'on apprécie, n'est pas forcément vain mot. Et qu'après ces semaines où nous sommes allés défendre un texte au fil de multiples réunions, il n'est pas inutile de reprendre des forces collectives pour cette dernière ligne droite jusqu'à Poitiers.

Alors oui, jeudi, on vote. Ne restons pas immobiles en chemin. Jeudi, pour la clarté, la cohérence, l'éthique, le respect des engagements, rassemblons-nous autour de la candidature de Christian Paul.

 

Dans la revue de presse :

Montebourg et les frondeurs se mettent en scène au Mont Beuvray

Et bientôt ici, mon album du Mont Beuvray 2015 (dès que j'aurai réussi à maitriser la nouvelle interface OB, désolée... #grrrr)

#JeVoteChristianPaul

#JeVoteChristianPaul

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16 avril 2015 4 16 /04 /avril /2015 12:52

AGPG

Voilà donc revenu le temps du congrès des socialistes.

J'imagine combien, de l'extérieur, on peut trouver cet exercice mystérieux dans son fonctionnement ou décalé par rapport aux difficultés du pays.

Bien sûr, tout cela concerne en priorité les adhérents du Parti Socialiste.

Mais le moment où le parti dont est issue la majorité qui gouverne fixe ses orientations politiques a forcément un impact au-delà de la simple organisation interne.

On peut critiquer le fonctionnement du PS, mais le fait est qu'il repose sur des principes très démocratiques. Le congrès démarre par une première phase de débats autour de textes généraux ou thématiques (les contributions). Dans un deuxième temps, plusieurs textes d'orientation politique (les fameuses motions), sont rédigés et soumis au vote des militants. Le résultat détermine l'orientation majoritaire du Parti. Il détermine aussi la composition de toutes les instances, au niveau national, départemental (les Fédérations) et local (les sections) à la proportionnelle intégrale.

Par exemple, si la motion A obtient 40% au national, 30% dans la Fédération de Haute-Garonne, 20% dans la section de Ici, il y aura 40%, 30%, 20% de camarades soutenant cette motion respectivement au Conseil National, Conseil Fédéral PS31, Commission Administrative de section Ici.

(Oui, comme c'est mon blog, je prends les exemples que je veux, hein.)

Les motions sont proposées avec une liste de signataires, le premier d'entre eux, depuis les réformes statutaires votées précédemment, étant de fait candidat à devenir le Premier Secrétaire.

Inutile de se cacher derrière son petit doigt, ce processus n'est pas exempt d'alliances de circonstances ou de positionnements guidés par des considérations de trajectoires personnelles.

Mais au final, ce sont bien les militants qui, par leur vote, le 21 mai, vont trancher.

Pour ma part, je suis signataire de la motion B, "A gauche, pour gagner!", dont le premier signataire est Christian Paul.

Ceux qui me connaissent n'en seront pas surpris. Ce choix est celui de la continuité de mes engagements au sein du Parti Socialiste.

Je suis heureuse d'y retrouver notamment (mais pas seulement) Benoit Hamon et Christian Paul, qui avec Arnaud Montebourg proposaient, après le choc du 21 avril 2002, de construire un Nouveau Parti Socialiste.

Ce choix est avant tout celui de la conviction qu'une réorientation est indispensable pour réussir la fin du quinquenat. Indispensable pour ceux qui souffrent aujourd'hui dans le pays. Indispensable pour regagner la confiance des électeurs déçus. Indispensable pour rétablir un dialogue fructeux à gauche, condition nécessaire de prochaines victoires.

Est-ce "fronder" (bouh, que je déteste ce mot !) que de dire cela ? Est-ce être un "affreux gauchiste" que de vouloir tenir les engagements de 2012, dans le respect des valeurs que des générations de socialistes ont fait vivre avant nous ? Est-ce être "irresponsable" ou "nuisible" que de tenir compte de ce qu'exprime le pays ? 

Beaucoup de militants sont partis, beaucoup de ceux qui restent sont dans le doute. Tous les sondages du monde ne changeront rien aux résultats électoraux qui se succèdent. L'abstention et l'implantation croissante du FN ne peuvent être balayées d'un revers de manche.

Alors oui, je crois plutôt que c'est le devoir de ceux qui pensent que ça ne va pas de le dire, plutôt que d'aider à appuyer sur l'accélérateur en pensant foncer droit dans le mur, au prétexte d'une unité de façade.

Je m'inscris dans cette motion B parce qu'elle rassemble des gens venus de sensibilités différentes, réunis en pleine cohérence autour du même constat et de la même envie de redonner au PS ses couleurs, de lui voir défendre ses valeurs, et prendre toute sa place, y compris dans son rôle de Parti de gouvernement.

C'est le choix de la clarté et de l'espoir.

Pour rejoindre la liste des signataires, c'est ici.

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11 décembre 2014 4 11 /12 /décembre /2014 14:33

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Est-il encore possible d'employer le mot "respect" en politique ?

J'ai eu parfois envie de prendre la défense d'Emmanuel Macron. Par exemple quand dès sa nomination certains l'ont résumé à un jeune technocrate ambitieux ancien banquier d'affaire. C'était bien commode. Mais juger quelqu'un apriori en le réduisant à ce qu'il est, quelle tristesse. J'ai trouvé cela aussi stupide que protester quand Louis Gallois a produit son rapport sur l'industrie. On n'est pas obligé d'être d'accord avec ce qu'il a dit, mais on n'est pas obligé non plus de vouloir le pendre haut et court parce qu'il a été patron de la SNCF et CEO d'EADS. Chacun a droit au respect de sa personne et de ses opinions. 

Mais maintenant, le projet de loi Macron, dit "pour la croissance et l'activité" a été présenté en Conseil des Ministres (et publié officiellement avec tout le dossier législatif ici). Nous pouvons donc juger sur les actes.

Et là, je vous l'avoue, je PLEURE. Ou, selon les moments, comme disait Laurence Parisot, je suis FUMASSE. Les deux à la fois probablement.

Car enfin, pour ce qui concerne la partie touchant au droit du travail, quel manque de respect(s).

Le respect de la parole politique, en premier lieu. A un moment où le FN joue sur la désespérance et progresse jusque dans les plus paisibles campagnes, comment peut-on ainsi alimenter la crise politique, le rejet maintes fois exprimé par les citoyens, la décrédibilisation de la parole publique, en défendant aujourd'hui l'exact contraire de ce que nous défendions hier dans l'opposition ?

Certes, le monde change, on peut évoluer, voire même dire que l'on pense s'être trompé, en expliquant pourquoi. Mais pas à ce point faire le grand écart.

Les citoyens ne sont pas idiots, et internet est là pour combler les oublis des mémoires humaines.

Le travail du dimanche n'est qu'un sujet parmi beaucoup d'autres dans ce projet de loi. Il cristallise pourtant l'attention, et le rejet de la plupart des socialistes, ouf. C'est qu'il ne s'agit pas d'une simple mise en cohérence législative ou de quelques élargissements géographiques qui auraient pu être possibles. Non, on le présente comme une "liberté", on nous bassine encore avec le "volontariat", cette construction intellectuelle de gens qui n'ont jamais travaillé dans une entreprise (ou alors comme DRH ou directeur financier!). Présenté ainsi, c'est un symbole envoyé aux libéraux, et Martine Aubry a alors raison de souligner que c'est un choix de société.

Comment alors, sur un tel choix, pourrions-nous changer radicalement d'avis sans ciller ? Des textes ont été ressortis, à raison. Dans ce communiqué 2009 du PS contre le travail du dimanche, rien à redire. Dans cette tribune de 2008, signée par certains des ministres silencieux associés à la présentation Macron-Valls, rien à redire non plus. Les renier, c'est dire aux citoyens que les textes n'engagent que ceux qui ont la faiblesse d'y croire encore. C'est très grave.

Le deuxième sujet qui me chagrine concerne le délit d'entrave. Il s'agit, via l'article 85, de le dépénaliser. Pire, il s'agit d'autoriser le gouvernement à légiférer par ordonnance pour "réviser la nature et le montant des peines et des sanctions applicables en cas d'entrave au fonctionnement des Institutions Représentatives du Personnel". Par ordonnance ! C'est de respect du débat parlementaire qu'il s'agit là d'abord. Quelle est donc l'urgence absolue qui nécessiterait cette procédure sur ce sujet ? Mais là encore, regardons en arrière, et lisons le discours du député Hollande François, en 2005, s'insurgeant entre autres choses contre la modification du droit du travail par ordonnance. Au passage, un savoureux passage sur les seuils sociaux, cette "vieille recette patronale". Respect de la parole publique, en ce lieu sacré de la République. On rirait, si ce n'était pas si triste.

Pour savoir ce qu'il y a derrière cette future ordonnance, il faut aller voir les tomes dits "études d'impact". On y retrouve (au tome 3) les éléments évoqués par François Hollande : il s'agirait de supprimer les peines d'emprisonnement et d'augmenter les sanctions financières. La justification me laisse pantoise. Un premier argument est que les peines de prison sont peu souvent attribuées. Je vois mal en quoi cela justifie de les supprimer. Mais il faut lire la vraie raison : la modification "a vocation à envoyer un signal rassurant aux investisseurs étrangers".

WELCOME MOLEX !!!

Oui, je suis en colère. Oui, je trouve que c'est un manque de respect, pour les salariés qui subissent les conséquences de ses situations, pour les syndicalistes qui se battent avec les quelques armes que le droit leur donne. Oui, je trouve même cela insultant.

J'étais ce jour d'Avril 2010 à cette pesante audience au TGI de Toulouse, alors que des dirigeants de Molex comparaissaient pour entrave (petit rappel ici). Ils furent condamnés à 6 mois avec sursis. Ils ont aujourd'hui retrouvé un travail. Alors que ce n'est pas le cas pour de nombreux salariés de Villemur. Mais au moins, justice a été faite. Sommes-nous en train de dire qu'il faut "envoyer un message rassurant" aux entreprises telles que Molex ? En Haute-Garonne, comme bien au-delà, tous les socialistes, militants et élus, ont soutenu le combat des Molex. J'espère que pas un-e de nos parlementaires n'acceptera de voter cet article.

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12 octobre 2014 7 12 /10 /octobre /2014 15:35

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Voilà une chose que je partage avec Manuel Valls.

Oui, j'aime l'entreprise !

Mais peut-être pas tout à fait de la même manière.

Peut-être parce que, moi, j'y travaille.

Jamais je n'aurais pensé qu'un Premier Ministre nommé par un Président socialiste irait se faire ovationner devant le MEDEF. Oui, o-va-tion-ner. Le MEDEF, cette organisation syndicale, pas plus représentative que ça, qui allie provocation et dogmatisme, mais avance ses pions, toute heureuse de trouver des oreilles si attentives à ses pleurs récurrentes.

Oui, j'aime l'entreprise, mais pas celle où la rapacité des financiers a pris le pas sur l'innovation et l'investissement long-terme des industriels. Pas celle qui jongle avec stock-options, retraites chapeaux et ce que pudiquement on nomme "optimisation fiscale", tout en faisant porter sur ses salariés, réduits à des facteurs de coût, le poids de ses exigences gloutonnes qui ne profitent qu'à quelques uns.

Il fut un temps où, pour le Parti Socialiste, l'entreprise semblait, à l'inverse, être le MAL, autant que le Service Public était le BIEN. Par quel étrange chemin en arrive-t-on à la caricature inverse, où l'on encense, non l'entreprise, mais quelques uns de ses dirigeants, qui pourtant ont une conception totalement contradictoire avec les intérêts de ce que les socialistes sont censés défendre ?

Car l'entreprise ne peut être réduite à un patron du CAC40 fumeur de cigares. L'entreprise, c'est aussi le petit patron de PME ou de TPE qui créée l'activité, le jeune fondateur de startup qui galère face à des banques qui ne veulent pas l'aider à développer son idée en attendant un Chiffre d'Affaire, le dirigeant élu de la SCOP, petite ou grosse. Et surtout, l'entreprise, ce sont aussi ces millions de salariés qui produisent les richesses. Sans eux, sans nous, rien à redistribuer.

Et pourtant, c'est avec de plus en plus de difficultés que le travail se fait. Voilà qu'il faudrait être de plus en plus précaire, mobile, flexible, agile, ... Plus contraint, plus stressé. Moins payé, moins protégé, si possible.

Comment accepter alors toutes ces déclarations donnant le sentiment d'un tel déséquilibre dans les choix politiques ? Comment supporter que des milliards soient distribués d'un côté, en en espérant un retour automatique, avec une sorte de naïveté confondante, alors que l'on rabiote de l'autre, par un moyen ou un autre, le pouvoir d'achat de ceux qui ne vivent pas de rente, mais de leur force de travail ? Comment ne pas hurler, quand on a adhéré au discours du Bourget, d'entendre un Premier Ministre défendre non l'entreprise, mais les affaires devant des financiers à Londres ? Comment accepter, alors que chômage et précarité amènent tant de malheurs dans les foyers, de voir un ministre du Travail porter une parole qui instille la sale idée que les chômeurs seraient pour beaucoup des profiteurs, ou que les mécanismes de représentation du personnel seraient avant tout un frein à l'emploi ? Comment supporter qu'un ministre de l'économie, sous prétexte de modernisation et de chasse aux tabous, c'est bien commode, veuille encore s'attaquer à des fondamentaux au risque de fragiliser un peu plus les salariés déjà tant malmenés ?

Trop, c'est trop.

Au moment où les Etats Généraux du PS invitent militants et sympathisants à redéfinir l'identité socialiste, et à répondre par exemple à la question "quelle doit être notre conception de l'entreprise?", je suis frappée de voir combien nous sommes réduits à être sur la défensive. Nous voilà à nous réjouir qu'un gouvernement à majorité socialiste dise qu'il ne remettra pas en question les 35 heures, ou que le Premier Secrétaire du parti majoritaire exprime l'opposition du PS à la libéralisation des seuils sociaux. Cela va mieux en le disant. Mais cela devrait aller sans dire !

Mais enfin, ce n'est pas ça la gauche ! C'est le mouvement, pas la destruction de ce que des siècles de luttes sociales ont construit ! C'est le progrès social pour le plus grand nombre, pas la frilosité pour tenter de résister aux coups de boutoirs de quelques uns !

Au secours !

Ressaisissons-nous, il en est encore temps.

Car là-bas, tranquillement, l'extrême-droite guette nos faux pas, et tisse sa vilaine toile sur les cendres de nos renoncements.

 

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25 août 2014 1 25 /08 /août /2014 22:02

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Et oui, puisque c'est ça, aujourd'hui j'ai acheté un ciré marinière.

Bien #madeinFrance, comme il se doit. D'une belle couleur rouge, comme on aime à gauche.

Je le porterai avec une fierté particulière. Comme un clin d'oeil en hommage à celui qui s'est bagarré sans ménager ses efforts pour l'industrie, qui a commencé à mettre la démondialisation en actes en glissant dans la tête du consommateur qu'il est aussi citoyen ou salarié.

Oui, fierté, c'est ce qui revient ce soir dans l'expression de ceux qui, comme moi, soutiennent Arnaud Montebourg, qui est allé au bout de ses convictions. Pour avoir simplement dit devant les Français, après avoir tenté d'en convaincre François Hollande, qu'une autre politique économique était indispensable, pour des raisons d'efficacité comme de justice, il ne sera plus ministre.

Mais aussi, ce soir sur TF1, on a parlé politique, avec ce débat de fond sur l'austérité qui se mène dans tant de gouvernements. Merci Arnaud.

Et tiens, au fait, si on arrêtait de parler de "frondeurs"? Ce n'est pas fronde que d'exprimer ses convictions, c'est honnêteté et courage. Oui, merci Arnaud.

Enfin quoi, aller dans le mur en klaxonnant avec quelques coups de mentons, cela suffit. Le pays souffre, il n'a pas besoin d'autorité ou de discipline, ni d'un gouvernement rétréci et bunkérisé. Il a besoin d'air, d'emplois, de bons salaires, d'espoir.

Une page se tourne. Vivement la suivante.

A voir : l'intervention d'Arnaud Montebourg ce jour à Bercy :


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31 juillet 2014 4 31 /07 /juillet /2014 21:05

JauresFede

Il y a cent ans, le 31 Juillet 1914, Jean Jaurès était assassiné au Café du Croissant à Paris.

En cette année #Jaurès2014, et singulièrement ce jour, hommages et références se sont multipliés. Parfois légitimes et bienvenus. Mais parfois aussi, entre oublis et contresens, à force de récupérations plus ou moins culottées, un tantinet AGACANTS.

A droite, voire à l'extrème-droite, certains n'hésitent pas à s'y référer dans leurs discours. Alors même que les idées qu'ils défendent sont en totale opposition avec celles de Jaurès.

Au sein de la gauche, certains tentent une sorte de procès en légitimité. Mais à quoi cela rime-t-il ? "Jaurès n'aurait pas voté le pacte de responsabilité". Ou au contraire : "Jaurès le réformiste aurait voté le pacte de responsabilité". Ou encore : "Aujourd'hui, Jaurès serait social-démocrate". Mais enfin ! Quelle est cette hérésie ? Faire parler et penser les morts, un siècle après, dans un contexte totalement différent ? Cela me laisse perplexe...

Ceux qui contestent aux socialistes de ce temps le droit même de faire référence à celui qui est une de leurs figures historiques, partagée avec d'autres à gauche, quelles qu'aient été par la suite les divergences de route, me semblent tout autant à côté de la plaque que ceux qui, au PS, ne peuvent s'empêcher de caser dans toute intervention une citation de l'icône, par une sorte de réflexe pavlovien, sans réfléchir plus avant à ce qu'il nous a laissé en héritage et qui devrait servir à alimenter notre construction idéologique.

Jaurès l''humaniste. Jaurès le pacifiste. Jaurès le réformiste. Et Guesde le révolutionnaire, les deux tendances, qui déjà et encore s'affrontaient dans le mouvement socialiste. Jaurès assassiné, à la veille du début de la grande boucherie de 14-18.

Mais Jaurès, pour moi, c'est un lieu. Carmaux, où, me rendant à une réunion CGT Métallurgie, j'ai retrouvé là-bas, sur la tranquille place, dans les vieux locaux, la trace des luttes et l'esprit de cet homme, ce bourgeois philosophe qui compris et épousa la cause des mineurs de Carmaux ou de la Verrerie Ouvrière d'Albi.

Et si je ne devais citer qu'une phrase, ce serait ma préférée, celle qui sert à rester tenace dans les moments de doutes : "L'histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l'invincible espoir".

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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 22:31

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Nous voilà tous occupés ce mercredi à nous renseigner sur des calculs à propos de trains et de quais de gare.

Suite à un article du Canard, voilà que la polémique monte. Les présidents de Région concernés s'insurgent, le ministre des Transports demande une enquête interne, des députés montent au créneau, Ségolène Royal fait une déclaration scandalisée. Les médias papier reprennent l'information en parlant de "couac", les journaux TV renchérissent sur cette erreur "incroyable".

Me voilà du coup à mon tour choquée par ces réactions.

Chère Ségolène, je lis que tu parles de décision "consternante", et aussi :

«Les régions ne paieront pas ces erreurs invraisemblables qui prouvent simplement qu'il y a des gens dans les bureaux parisiens qui sont beaucoup trop éloignés des réalités du territoire.»

Bon.

Qu'une enquête soit diligentée, d'accord.

Que l'on s'interroge sur la réforme qui a conduit à cette relation client/fournisseur entre la SNCF et RFF, certes, tant mieux.

Que les régions se défendent, on peut le comprendre. Quoique, on peut aussi trouver normal de moderniser des voies.

Mais pourquoi de telles réactions ?

On peut s'amuser de ce "couac", s'il y en a vraiment un.

Mais en ce cas je n'aimerais pas être responsable qualité à la SNCF ou à RFF. Car derrière, il y a des gens, qui ont travaillé sur de gros projets. Une erreur a pu avoir lieu quelque part. Je n'en sais rien. 

Et alors, même, chère Ségolène, chers camarades, mesdames messieurs les journalistes, n'en n'avez-vous jamais commis, vous ?

Bien sûr, vous n'avez probablement jamais travaillé sur de tels projets industriels, avec leurs contraintes, leurs objectifs de qualité, mais parfois aussi, leurs erreurs. Car l'erreur est humaine. Et ne mérite pas mépris. Car votre mépris et la pression retombent sur des personnes.

Prenons des exemples dans un autre domaine. Pourtant aussi une industrie de haute technologie, dans lequel l'erreur est soit interdite, soit vraiment très coûteuse : le spatial.

Peut-être certains se souviennent-ils de cette sonde martienne de la NASA qui fut perdue en 1999. Elle s'appelait Mars Climate Orbiter. Pourquoi perdue ? A cause d'une bête erreur de calcul, une centaine de kilomètres d'écart qui conduisit à sa destruction. Comment cela a-t-il été possible ? Des gens éloignés des réalités du territoire martien ? Non, une erreur d'unité, parce qu'une partie de l'équipe calculait dans le système métrique et une autre dans le système anglo-saxon.

Pour ceux qui ne sont pas encore convaincus que l'erreur est humaine, et que même les process les plus rigoureux peuvent conduire à des "énormités", la photo qui illustre cet article. Bien connu de ceux qui travaillent dans le domaine, circulant dans des formations. Un cas d'école spectaculaire venant de la NASA. Il s'agit du satellite NOAA-N-Prime, qui en 2003 est tombé de tout son long en salle d'intégration chez Lockheed Martin lors d'une manoeuvre. Et pourquoi ? L'enquête publiée par la NASA (ici) l'indique : à cause de 24 boulons, devant fixer le satellite sur sa base, qui n'étaient pas en place. Incroyable, éloigné des réalités, etc etc etc. Une erreur qui a coûté non pas 50 millions d'euros, mais plus de 200 millions de dollar, en 2003.

Heureusement, dans un cas comme dans l'autre, pas de blessure humaine. Ce qui tout de même est l'essentiel.

J'arrête là la liste, qui pourrait être bien plus longue, de ces erreurs "incroyables".

Mais en réalité, dans notre problème de trains et de gares, y a-t-il eu erreur ? En lisant la presse, par exemple cet article du Monde, sans s'arrêter à son titre, on finit par en douter. Et par pencher plutôt vers un problème de communication et de patate chaude de financement qu'on se refile, entrainant des retards dans des décisions de mise aux normes qui auraient déjà dues être faites. En tant que voyageuse occasionnelle en train, je suis plutôt contente de savoir que, pour mon confort, les trains seront un peu plus larges.

Alors arrêtons de polémiquer et de dire n'importe quoi, n'importe comment. Oui Ségolène, là, tu m'as énervée tu vois.

Bien à toi.

 

Mise à jour : un article parmi d'autres qui apporte un éclairage sur cette erreur qui n'en est pas une : Non, SNCF n'a pas commandé 2000 TER trop larges

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 20:55

TrebesMichelBonnery5mai2014.jpg

Tristesse, car cette après-midi, au crématorium de Trèbes, près de Carcassonne, nous avons dit un dernier salut à Michel Bonnery.

Le ciel était bleu, avec quelques panaches de nuages que le vent d'autan étirait.

Avec les camarades qui étaient là, dehors, après la brève et sobre cérémonie, après "Les Copains d'abord", nous avons parlé de politique, d'écrevisses et de cassoulet. Car malgré la peine, voilà bien ce qui nous est venu en pensant à Michel Bonnery.

Socialiste il était, quelles qu'aient été parfois ses opinions sur le PS et donc ses choix, socialiste il restait. Un homme de convictions. Solides. Comme il l'était lui, comme il aurait dû le rester si la maladie n'avait pas fini par gagner.

Une présence, imposante, chaleureuse, tellement humaine. De la convivialité, même après les débats les plus virulents. L'un n'empêchait pas l'autre. Au contraire.

Michel Bonnery a été secrétaire de la section cantonale de Lanta. C'est lui qui m'y a accueillie lorsque nous avons déménagé. C'est à lui que j'ai succédé comme secrétaire de cette section. Il a été directeur de campagne aux législatives de Pierre Cohen sur la 3e circonscription d'alors. Il a été aussi, et peut-être surtout, maire de Tarabel, si attachante petite commune du Lauragais.

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Mais ce que je retiendrai de Michel Bonnery, même si la vie nous a éloignés, ce sont des attitudes, des moments simples, de l'homme et du camarade. Et voyez comme c'est bête, j'ai repensé, en écrivant un mot sur le registre des condoléances, à ce gâteau après une réunion, partagé en section, fait pour nous fêter, "Marie et Franck". Longtemps j'ai gardé à la maison cette pâte décorée en souvenir de ce moment. Bien sûr, j'ai dû un jour me résigner à la jeter.

Mais jamais nous n'oublierons Michel Bonnery.

En sa mémoire, pour Claudine et ses enfants, un chant de résistance, enjoué et triste.

 


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21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 17:10

21avril2002

"Chacun se souviendra longtemps de cette soirée humiliante et douloureuse du 21 avril 2002".

Ainsi commence le texte de la motion C, intitulée "Pour un nouveau Parti socialiste", et soumise au vote des militants au congrès de Dijon, en mai 2003.

Et en effet, 12 ans après, l'image qui s'est affichée à 20 heures sur l'écran est encore gravée dans ma mémoire, comme dans celle, j'en suis sûre, de beaucoup de gens.

12 ans après, alors que le PS vient de subir une sévère défaite électorale, qu'avons-nous donc, nous socialistes, retenu de tout cela ?

Pour ma part, ce moment fut celui d'une inflexion. Arrivée au PS en 1995, le lendemain de l'élection de Jacques Chirac, sous le  coup de la colère et de l'envie d'agir, j'avais alors sagement choisi les motions majoritaires, dans le Parti de Lionel Jospin, puis de François Hollande. Après ce 21 avril là, j'ai fait le choix de la rupture, avec cette motion NPS qui voulait une remise en cause profonde du PS et de ses choix, et pas seulement une reconquête électorale dans la continuité. Je me souviens encore de l'appel dans la presse de ces jeunots qui s'appelaient Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Benoit Hamon, ... Une bouffée d'air frais, l'envie d'ouvrir grand portes et fenêtres. Beaucoup de réflexion, du travail, et un bon score au final, dans la joie et dans l'espoir.

(A ce stade, séquence nostalgie, un coucou amical à celles et ceux qui ont connu ces moments là, et qui j'espère partageront le sourire devant l'écran).

motionNPS

Mais 12 ans après, que de mots prononcés pour convaincre en sections, que de soirées et de week-ends, de congrès plus ou moins pénibles,... pour encore voir devant nous tant à changer. Depuis, Arnaud, Benoit, Vincent, ont été ministres, et c'est tant mieux. Le PS a engagé une certaine rénovation, organisé de belles primaires, commencé à limiter le cumul des mandats. La lutte contre la mondialisation libérale a progressé dans les esprits et s'incarne à Bercy. La réorientation des choix européens apparait de plus en plus comme une nécessité. Mais quelle lenteur ! Quelles pesanteurs ! Que de temps perdu en prudences et timidités, parfois en renoncements.

Il faut beaucoup de patience pour continuer la route. Beaucoup d'aveuglement diront certains. Beaucoup de ténacité jugeront d'autres.

Et puis, n'oublions pas un autre 21 avril, un autre anniversaire dont on peut au contraire marquer la mémoire avec joie. Celui du 21 avril 1944, il y a 70 ans : "Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes". 70 ans, seulement, une longue histoire, et là aussi, encore tant à faire pour l'égalité.

"L'histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l'invincible espoir". Ma citation préférée du grand Jaurès.

MotionNPSLapinou

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