Ce dimanche 8 janvier, j'étais à Jarnac à l'occasion de l'hommage à François Mitterrand, mort le 8 janvier 1996. 16 ans déjà.
Je n'ai jamais été mitterrandolâtre, et je ne pense pas que la nostalgie soit bien utile en politique. Mais je revois encore, le 10 mai 1981, ce visage se dévoiler sur la petite télévision de l'époque, le champagne, les roses le lendemain dans la cité scolaire. J'ai en tête des images, le Panthéon, Badinter, quelques interventions solennelles. Et puis, lorsque je pose des congés, je n'oublie pas que c'est à cette gauche là que je dois ma 5e semaine, entre autres choses. Cela n'enlève pas "le droit d'inventaire", comme disait Lionel Jospin. Mais cela mérite à mes yeux respect et mémoire.
C'est pourquoi j'ai accepté avec plaisir l'invitation de Jérôme Royer, maire de Jarnac et mandataire du mouvement d'Arnaud Montebourg en Charente, et de sa coordinatrice Cécile Le Masson.
Me voilà ce dimanche matin, depuis ma Haute-Vienne natale, roulant vers Jarnac, sur ces routes qui me rappellent ma jeunesse... J'arrive sans encombre de bonne heure. Est-ce moi ? Il flotte comme une atmosphère particulière dans ce gros bourg charentais encore un peu endormi sous les nuages. Rues et maisons de Charente me semblent familières. Les chais de cognac sont la seule touche touristique à mes yeux. Je me dirige vers la maison natale de François Mitterrand. Déjà du monde, beaucoup de journalistes, des gens de Jarnac aussi, Gilbert Mitterrand qui discute sur un trottoir. Jolie maison charentaise, au blanc un peu sali. Je dois dire que ça me fait quelque chose. Mémoire et modernité, sur Twitter j'écris : "A Jarnac, devant la maison natale de François Mitterrand. La rénovation et les idées nouvelles se nourrissent aussi de notre histoire."
J'ai rendez-vous avec Cécile devant le cimetière vers lequel je me dirige. Première barrière, il semble que cette année, pour raisons de sécurité, l'accès soit réservé aux gens munis d'une invitation, qu'évidemment personne n'a avec soi. La consigne sera levée, et nous voilà attendant devant les grilles. Le service d'ordre a bien du mal, mais tout reste tranquille. Malgré les journalistes, rien à voir avec la bousculade d'autres évènements que j'ai connu. La simplicité de la Charente provinciale peut-être ?
Voilà le cortège qui vient de la maison natale - ou plutôt, ce que j'en vois, les perches des cameramen qui suivent François Hollande.
Dans les allées du cimetière, il y a finalement beaucoup de monde. Nous nous retrouvons avec Cécile bloquées dans l'allée menant à la célèbre tombe. Nous nous sentons un peu mal à l'aise alors, et décidons de revenir vers l'entrée du cimetière. Un vieux monsieur, de la région sans doute, un habitué, me dit que l'année dernière il a fallu rappeller à l'ordre des journalistes qui montaient sur les tombes pour mieux filmer ou photographier. Il y a comme un décalage, entre le côté solennel et tranquille de ce cimetière, et ce côté médiatique en son enceinte (lisez ici le billet d'un photographe de Libération qui raconte sa gène en ce moment où pourtant il fait comme les autres). Pour ma part, j'ai pris quelques photos de la foule et du cortège suivi par les médias. Je ne les publierai pas. C'est montrer l'envers du décors, certes, mais cela me semblerait irrespectueux des autres morts de ce cimetière et de leurs familles.
A la sortie, ça se presse, François Hollande s'arrête saluer les gens sur son passage, encadré par de paisibles gendarmes. Interviews, photos, on est en campagne ! Oups, j'aperçois un parachuté à côté de Mazarine Pingeot, bon, je regarde ailleurs. Les fidèles sont là, Hubert Védrine, Elisabeth Guigou. Jean-Michel Baylet a fait le déplacement, suite des primaires je suppose. Harlem Désir, comme d'habitude, fait le travail, venu représenter le PS et Martine Aubry.
Nous nous dirigeons vers la salle des fêtes au pas de l'escargot. Dans la foule, quelques chapeaux de feutre noir nous rappellent pour qui nous sommes venus.
Attente, on fait passer la presse, un petit souci sur les tables, mais nous voilà installés, à deux pas de la "table d'honneur", comme ils disent.
Nous écoutons Jérôme Royer qui nous acceuille, dans cette année très particulière. Il excuse Ségolène Royal et Arnaud Montebourg, finalement en campagne à Paris (regarder la vidéo : par exemple ici sur le blog de DIDR 77). François Hollande met la dernière touche à son intervention, pendant que la présidente de l'association François Mitterrand nous parle du passé. François Hollande, lui, parlera bien entendu de François Mitterrand, mais pour évoquer les leçons à tirer pour l'avenir. Il parlera de sa patience et de son rapport au temps, de sa ténacité, de la force de sa volonté politique, de sa manière d'aimer la France. Et finira en souhaitant de pas le laisser être le seul président socialiste de la Ve république ! Salle très attentive, rien d'un meeting, comme une espèce de gravité dirait-on.
Ce repas fut aussi un moment d'échanges, c'était le but. Plaisir de quelques mots avec Harlem Désir, toujours calme et clair dans ses propos. Discussion sur nos idées et nos rêves avec les volontaires du mouvement charentais d'Arnaud Montebourg. Fin de repas, la salle se vide, horaires de train oblige. Nous nous retrouvons à quelques uns autour de Jérôme Royer maintenant détendu. C'est un grand plaisir de rencontrer quelques éminents membres de la C6R (la Convention pour la 6e République) "canal historique" si je puis dire, Julien Colette, François Colcombet, Laurent Bayon, et quelques autres.
Je n'aurai pas le temps de poursuivre autour d'un café, il me faut maintenant rentrer à Toulouse.
Je fais un détour par le cimetière, loin de l'agitation maintenant, pour quelques instants devant la tombe de François Mitterrand, couverte de gerbes, et devant laquelle des gens ordinaires viennent comme moi passer quelques instants.
Comme quoi, à Jarnac, ce sont bien mémoire et idées nouvelles qui se sont rencontrées.