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  • : Chroniques ordinaires d'une socialiste de Haute-Garonne.
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On est socialiste à partir du moment où l'on a cessé de dire « bah,  c'est l'ordre des choses et nous n'y changerons rien », à partir du moment où l'on a senti que ce prétendu ordre des choses était en contradiction flagrante avec la volonté de justice, d'égalité et de solidarité qui vit en nous.

Léon Blum

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13 avril 2014 7 13 /04 /avril /2014 22:21

MolexNuit.jpg

C'était le 27 mars dernier.

Ce jeudi là, j'étais en grève, à l'appel de toutes les organisations syndicales d'Astrium Toulouse, contre le plan de suppressions de postes imposé par Airbus Group, ex EADS.

La manifestation du matin fut un succès, démontrant encore une fois la colère des salariés, du Capitole à Saint-Etienne devant la Préfecture.

Ce jeudi là, de retour au Capitole à midi, je croisais Jean-Luc Moudenc, alors candidat challenger, qui sortait d'une réunion avec les maires de droite de l'agglomération. Pierre Cohen, lui, alors maire, était venu exprimer son soutien. Bref, voilà, passons.

A 13h00, j'étais devant le Conseil des Prudhommes de Toulouse, où "les Molex", comme on dit toujours ici, avaient donné rendez-vous pour attendre le délibéré, dans la procédure voyant quelques 190 d'entres eux contester le motif du licenciement économique face à Molex.

Comme un air de retrouvailles sous le soleil, devant les grilles. Tous ces visages, souriants et sérieux à la fois. Ceux qui ont retrouvé du travail ailleurs. Ceux qui ont complètement changé d'activité. Ceux qui n'ont rien retrouvé du tout. Ce jeudi, un combat de plus. Plus de 5 ans après. 5 ans, vous rendez-vous compte ? Pour le principe, avant tout. Pour la reconnaissance du caractère abusif des licenciements. Parce que jamais, JAMAIS, ils n'ont reculé d'un pouce là-dessus. L'usine n'aurait jamais dû fermer, aucune raison, autre que l'appétit de quelques requins.

Ce jeudi là, une nouvelle fois, la justice leur a donné raison. Les licenciements sont reconnus "sans cause réelle et sérieuse" lit sur le perron l'avocat Jean-Marc Denjean. Les indemnités sont conséquentes, signe que la justice a clairement tranché. Applaudissements dans la cour. Une satisfaction de plus. Les médias sont là, nombreux, preuve que ce combat, dans sa force et sa dignité, dans sa légitimité et son exemplarité, a dépassé largement les frontières de Villemur-sur-Tarn.

Les bières, dans ce café qui a vu passer tant de syndicalistes, sont savoureuses. Moment de calme et de fraternité, qui contraste avec l'agitation médiatique du lendemain.

MolexGuyDenisCamille.jpg

Ce jeudi soir, direction Villemur, le local de l'Association. Plaisir de ces moments partagés, en ce jour de victoire. Savourés comme il se doit, après tous ces moments de lutte, et aussi d'amères défaites. Merci les copains et camarades, mille mercis de m'avoir invitée.

Et puis le retour. Je ne veux pas m'attarder. Mais tout de même. Ma voiture, venue ici tant de fois, connait le chemin par coeur. Il est tard, il fait nuit. Elle me mène devant l'usine. Les panneaux, maintenant, indiquent VMI. "Villemur Industrie". Le petit morceau d'activité que la mobilisation a permis d'arracher à la rapacité des fossoyeurs de l'industrie. Personne bien sûr, les places de parking devant sont toutes vides. Je me pose là un instant. Devant mes yeux, la même barrière, le même poste de garde, les mêmes murs. Mais comme tout semble éteint. L'air me semble soudain empli de fantômes, de mots de colère, de fraternité, d'espoirs, de rires et de larmes. Jours et nuits, matins et soirs, il y avait la vie, et là, le silence.

La justice a tranché une fois de plus. Les licenciements n'auraient pas dû avoir lieu. Mais voilà, tout le monde, ou presque, est dehors. Quel gâchis.

Alors maintenant, en ce nouveau moment du quinquennat, une seule question qui vaille : qu'avons-nous fait, ou qu'allons nous faire dans le mandat, nous socialistes au pouvoir, pour que cela ne puisse plus se reproduire ?

C'est simple, la politique, quand on se retrouve, un jeudi soir vers 23h00, à Villemur-sur-Tarn, devant une usine morte.

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