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  • : Une souris rose
  • : Chroniques ordinaires d'une socialiste de Haute-Garonne.
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On est socialiste à partir du moment où l'on a cessé de dire « bah,  c'est l'ordre des choses et nous n'y changerons rien », à partir du moment où l'on a senti que ce prétendu ordre des choses était en contradiction flagrante avec la volonté de justice, d'égalité et de solidarité qui vit en nous.

Léon Blum

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19 novembre 2008 3 19 /11 /novembre /2008 12:16

Inutile de revenir sur l’impression d’ensemble, je ne crois pas qu’il y ait un seul militant socialiste qui ne soit pas désolé de l’image que donne notre parti. Et au-delà de l’image, beaucoup maintenant partagent ce que certains d’entre nous disaient depuis 2002, quand nous pointions le mauvais état du parti et la nécessité de sa rénovation.

Difficile de vous faire vivre ces 3 jours, mais je voudrais essayer de vous dire ce que j’ai vu, entendu, et ressenti. Pas forcément objectivement, puisque bien entendu, j’ai une opinion. Mais en tout cas le plus fidèlement possible, tel que je l’ai vécu de l’intérieur.

Ce sera donc encore un peu long, mais il me semble devoir le faire, ne serait-ce qu’au titre de mon mandat de déléguée.

Vendredi midi, après un long voyage, voilà enfin l’hôtel dans la banlieue de Reims, Tinqueux. Terminé de la veille. L’écriteau « hôtel rénové » est-il un signe prometteur pour l’avenir du Parti ? Hélas, la suite montrera que le signe était plutôt à voir dans les dégâts des eaux…

Une bonne partie de la délégation de Haute-Garonne arrive en bus, et je me joints à eux pour aller jusqu’au parc des expositions. Ambiance à la plaisanterie. Car oui, toutes motions confondues nous partagions petits déjeuners, moyens de transports et plaisanteries parfois pour évacuer le reste. C’est tout de même un peu rassurant.

Dès l’arrivée, les « alors ça donne quoi » surgissent cependant entre nous. Car les plaisanteries n’enlèvent rien à l’inquiétude qui, je crois, nous anime tous, et au sentiment de l’importance du moment. En réalité, à ce stade ça ne donne pas grand-chose, ça discute déjà, mais rien n’est encore fait. La suite montrera que ce congrès sera vraiment aussi celui de la patience.

Le temps de prendre les chambres, de se perdre un peu dans un Reims en chantier à cause du futur tramway, de s’inscrire pour récupérer les badges, de prendre les repères (imaginez une zone où 4000 personnes se réunissent, se restaurent, discutent, achètent livres ou souvenirs…, tout cela sous l’œil de très nombreux médias : c’est assez impressionnant), et de retrouver Cathy Lemorton, mandataire départementale de la motion D, pour les dernières nouvelles, nous voilà entrant vers 16h00 dans la salle plénière, juste au moment où Adeline Hazan, toute nouvelle maire de Reims, commence son intervention d’accueil.

La salle est organisé comme au Mans : une grande tribune, les délégations devant, en bas, par fédération, les « auditeurs » (invités ne prenant pas part aux débats ni aux votes) derrière sur les gradins. Mais en plus chaud, la température comme la déco !

La Haute-Garonne est devant, tout à gauche. Juste derrière la Saône-et-Loire, ce qui nous permet de retrouver Arnaud Montebourg déjà sagement assis juste devant nous. Content de nous voir, et c’est réciproque. Puisque dans ce congrès on parle beaucoup de rénovation, tout de même, n’oublions pas ceux qui l’ont portée depuis 2002, ils sont aussi dans la motion Aubry ! Nous sommes toujours là, depuis Le Mans, que pour ma part j’avais vécu difficilement comme déléguée, ayant suivi Arnaud et le mandat de mes camarades, dans le refus de la fausse synthèse. Reims sera-t-il pire ? Dès ce moment, nos craintes étaient là. Ce fut au-delà de nos espérances, si j’ose dire…

Les interventions se succèdent à la tribune. Je suis toujours frappée du côté ruche de la salle. Ca rentre, ça sort, ça discute, ça écrit, ça lit, ça sms et ça téléphone (beaucoup). Il faut dire que les pauses ne sont pas prévues, et aussi que chacun sait bien que ce sont dans les discussions ici et là que les choses se décident. C’est toutefois parfois à la limite de la correction, quand le brouhaha gène l’écoute. Nous devrions tout de même apprendre à être plus respectueux.

J’écoute les interventions tout en découvrant le programme. J’entends Régis Juanico mettre en avant le bon score de la motion C, Jean-Louis Bianco la volonté de la motion E d’un parti rénové (pour ceux qui ne ne l'ont pas vécu de près, à copier 100 fois pour la suite : A=Delanoë, C=Hamon, D=Aubry, E=Royal). Ancrage à gauche, rénovation, entendrons-nous autre chose dans ce congrès ? Ca me fait un drôle d’effet tout de même. Le NPS de 2002 est éclaté dans différentes motions. Dommage que nous n’ayons pas pu nous faire entendre plus tôt. D’un autre côté, au moins pouvons-nous dire que peu à peu nos idées ont progressé, puisque toutes les motions se les sont maintenant, d’une manière ou d’une autre, appropriées.

Les visages connus arrivent peu à peu. Bertrand Delanoë entouré d’un essaim de caméras et photographes. Emmanuelli, Rebsamen, Hollande… Visages connus, visages tendus aussi. Les sourires sont là, mais derrière, les tensions sont perceptibles. J’ai soudain l’impression de me trouver devant un théâtre. Qui écoute sur le fond ce qui se dit à la tribune ? Dans toutes les têtes, plutôt, ce qui va se passer d’ici dimanche. Dans un sens, c’est désolant, cette incapacité à débattre au fond. D’un autre côté, les enjeux étaient ailleurs. Et je ne partage pas l’analyse qui voudrait que rien ne se soit fait à Reims. Des clarifications ont été faites, au-delà de la guerre des chefs, comme on dit, sur la conception même du parti. C’est là-dessus que les lignes se sont dessinées et que les choix se feront.

Les SMS affluent. C’est que les motions se sont mises à la l'heure de la technique. Les délégués, pour la motion D en tout cas, reçoivent les informations ainsi. AG à la fin du débat général sous le chapiteau motion D sur le parvis, lisons-nous tous.

François Hollande termine. Attaques contre Sarkozy, mais j’ai le sentiment que ça tourne un peu à vide. L’heure du bilan, les leçons pour l’avenir, le testament politique. J’ai eu beaucoup de désaccords politiques avec Hollande, et je le tiens pour le premier responsable de l’état de délabrement du parti (et encore à la tribune a-t-il redit que la synthèse du Mans, c’était bien !). Mais je reconnais que ce moment ne doit pas être facile pour lui.

A la fin du débat général, nous sortons tous vers les grands chapiteaux. La motion D est au fond du parking. Devant la bouche de chauffage, la tension monte, voilà, on y est, ça va se jouer bientôt. L’ambiance est à la fois assez grave, et pleine d’espoir. Nous entendons le compte-rendu des discussions déjà démarrées, la démarche de rassemblement souhaitée, la manière dont Ségolène Royal a présenté les choses, les analyses et la réponse à la motion E. Puis les avancées déjà faites avec la motion C, et le mandat de mener aussi les discussions avec la motion A, dans un but de rassemblement. Je découvre une Martine Aubry très précautionneuse. Son intervention a de la hauteur, et je la trouve préoccupée de faire les choses correctement et de construire peu à peu. Autour d’elle, Arnaud, Laurent Fabius, Jean-Christophe Cambadélis donnent leur sentiment. Et on sent bien que la salle est unanime : Martine premier-e secrétaire, voilà ce que nous souhaitons. Non comme des supporters, car étant donné nos parcours divers, nous n’en avons pas le profil. Mais parce que nous pensons que c’est ce qu’il faut faire, et que nous voulons l’exprimer à celle que l’on sent hésitante. Elle nous explique qu’elle prendra ses responsabilités, mais qu’à ce stade elle souhaite tout faire pour le rassemblement, et que la motion n’a mis aucun préalable, dans les discussions avec les motions C et A, sur une candidature.

Donc ça continue à discuter, et ce sera long, voilà les messages que nous pouvons envoyer à l’extérieur. Pas très facile à vivre ce statuquo, mais que faire d’autre ?

Pour finir, nos préoccupations devinrent plus matérialistes : trouver un moyen d’aller en ville, trouver un restaurant, trouver les camarades, trouver des places … comme à La Rochelle, Reims se remplit de cet étrange troupeau de socialistes errant dans les rues. La journée fut bien longue, et le retour à l’hôtel bienvenu !

 

La suite au prochain épisode …

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