J’étais dimanche à Paris pour participer comme déléguée de Haute-Garonne au congrès d’investiture. Ni suspense ni enjeu cette fois. Un long trajet Toulouse-Paris, heureusement coupé par une halte dans mon Limousin natal, juste pour être là, au cœur de cette journée particulière, et honorer ainsi le mandat confié au congrès du Mans. Les caméras aussi étaient là, nombreuses. Des vidéos sont en ligne sur le site du PS, avec les textes des interventions. Un aperçu plus bas.
Mon congrès à moi, c’est une multiplicité d’impressions, pour une grosse journée et quelques heures dans cette fameuse salle de la Mutualité.
Arrivée vers 10h30, première vision du crâne de François Hollande, dehors, entouré d’une nuée de caméras. Juste le temps de récupérer mon badge dans la cohue des délégués et de gagner la place gentiment gardée par mes camarades. La Haute-Garonne aux premières loges, les orateurs de profil, la brochette des « stars », François et Ségolène, Dominique et Laurent, et les représentants étrangers, de biais un peu derrière nous. De quoi observer de près émotions, sourires et crispations. Bien humain, tout cela.
La jeune Barbara Romagnan et le moins jeune Pierre Mauroy co-animent. La rénovation, et l’héritage de 1981… Le symbole n’est pas très léger, mais bon.
Lionel Jospin n’est pas là, dommage, mais tant pis, la vie continue.
Interventions de Patrick Bloche et Bertrand Delanoé. Puis François Rebsamen pour « un moment de poésie », l’annonce des résultats. La meilleure nouvelle : 280 000 adhérents, 220 000 inscrits au vote, près de 82% de votants.
Ambiance « joyeuse et grave », selon les mots de François Hollande. Je l’ai ressenti aussi, ce moment charnière, où finalement rien ne se passe, si ce n’est mesurer le chemin parcouru, mais aussi la difficulté de ce qu’il reste à faire.
Drôle d’impression, en levant mon badge rouge dans cette salle chaleureuse. Je me suis revue au Mans, levant mon carton, mais pour m'abstenir dans une immense salle glaciale. Bien seuls étions nous alors, rénovateurs défendant la ligne qui nous semblait juste. Nous n’avons pas changé d’idéal, mais nous avons fait le choix d’un rassemblement qui peut nous permettre de rejeter la droite et de faire, espérons le, progresser les socialistes par la rénovation. Je suis fière que nous ayons ainsi agi au Mans, et satisfaite de voir les socialistes se rassembler derrière leur candidate.
« Ségolène », « présidente ! » de nombreuses fois, de longues minutes. Drapeaux du MJS agités au balcon, applaudissements en cœur des délégués en bas.
Ségolène Royal s’avance ensuite pour son intervention. Souriante, radieuse même. Emue sans doute, devant le micro, mais transmettant quelque chose, autre chose qui en ringardise beaucoup d’un seul coup, Sarkozy pour commencer. Frêle et déterminée. Tant mieux, car elle l’a dit elle-même, elle en aura besoin, et nous aussi.
Un discours de femme, peut-être bien, qui sans doute déconcerte nos esprits habitués à l’éloquence masculine. Rien de différent pour l’instant de sa campagne interne, si ce n’est la volonté de mettre le parti au boulot ! Allez hop, militants, élus, faites vivre cette démarche, allez rencontrer les gens, remontez moi ce qu’ils disent, leurs souffrances, leurs espoirs. Fini de rire, la candidate est en campagne !
La sono est poussive, un technicien vient intervenir sur la jupe de l’oratrice. « Ce n’est qu’un micro », lance-t-elle avec humour. Rires. Décidemment, rien n’est habituel.
Nous n’entendrons jamais la vidéo du président du PSE. Mais en revanche les mots d’autres socialistes, portés dans cette salle pour rappeler notre internationalisme, et aussi dire, ce dont peut-être nous n’avons pas toujours conscience, ce que notre candidate incarne. Les messages de Romano Prodi, de Jose Luis Zapatero notre voisin. La présence de députés chiliens. J’ai beaucoup aimé, comme d’habitude, Yvette Roudy, buvant du petit lait en lisant les mots de soutien de Michelle Bachelet. Yvette Roudy, ministre de Mitterand, « sans qui rien n’aurait été possible ». J’ai apprécié Georges Papandreou, président de l’internationale socialiste, disant en français qu’il partage cette exigence de faire de la politique autrement et cette démarche de démocratie participative. J’ai découvert avec plaisir Elio Di Rupo, leader des socialistes belges, parlant du renouveau, de l’espoir que notre candidate et les socialistes français représentent. Un discours chaleureux, plein d’énergie et d’envie de victoire. J’ai peu aimé Jean-Michel Baylet, intervenant pour le PRG, dans cette posture de tribun dont je suis un peu lassée. Mais un plaisir : l’entendre remercier Ségolène d’avoir ouvert le chantier de la 6e République. Promis, j’achèterai la Dépêche demain…
Et plusieurs fois, l’hommage à François Hollande, pour avoir mené ainsi le parti à cette investiture. Je n’ai pas toujours dit ça de mon premier secrétaire, mais cette fois encore, comme à Toulouse, j’ai trouvé son intervention forte, excellente vraiment de lucidité, d’humour, d’aisance, et d’énergie. Reconnaissons le, c’est dit. L’envie de battre la droite comme moteur, le rassemblement des socialistes et au-delà, de la gauche, comme perspective.
Bella ciao, ciao, pour finir avec les derniers sourires. La bise à Arnaud Montebourg au passage, on s’est vus il y a peu en effet, et voilà le grand air parisien.
Une visite par curiosité à Saint-Nicolas du Chardonnet avec un camarade dont le portable s’est mis à sonner et que je ne dénoncerai pas par charité socialiste… Les retrouvailles avec la délégation 31 à une terrasse bondée, et une table au calme pour reprendre des forces en échangeant quelques anecdotes. Les différences politiques entre nous n’empêchent pas la discussion, tant mieux… Petite digestion, puis direction Austerlitz, pour le train de 16h47. Une sieste dans la voiture 6, un bout de chemin dans la voiture 15 haut-garonnaise, avant de descendre à Limoges, me reposer et me faire nourrir, puis repartir dans la nuit vers Toulouse. Mes pensées vers Sandra qui nous manque, en revoyant notre retour du Mans par cette même autoroute dans la Twingo de Valery. Je me demande souvent ce qu’elle aurait pensé de tout cela.
Ouf, la journée était longue, je vous avais prévenus… bravo à ceux qui ont lu jusqu’au bout.